« Champignac » met à l’honneur l’un des personnages les plus généreux et des plus attachants de la galaxie « Spirou », en dévoilant son passé avant qu’il rencontre le héros donnant son titre au journal des éditions Dupuis, dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale. Outre le fait de divertir efficacement, le but de cette série dérivée est de vulgariser des sujets scientifiques et sociologiques pour toucher les jeunes lecteurs. Dans cet encore très réussi tome 4, où un Pacôme irritable et dépressif croise d’éminents confrères de l’époque (Einstein, Feynman ou Oppenheimer, récemment mis en lumière avec le film de Christopher Nolan), les Béka et David Etien abordent, avec authenticité et psychologie, le problème de la fabrication de la bombe atomique, à laquelle notre original mycologue va inconsciemment contribuer…
Lire la suite...Topo : beau bébé de La Revue dessinée…

« L’Actu dessinée pour les moins de vingt ans », tel est le concept clairement annoncé à la Une de ce nouveau bimestriel qui sera en kiosques et librairies à partir du 1er septembre. Conjointement dirigé par la journaliste Laurence Fredet et l’éditrice de bande dessinée Charlotte Miquel, Topo propose une série de rubriques où un journaliste — associé à un dessinateur — raconte l’actualité du monde. Grands reportages et enquêtes alternent avec les chroniques de culture générale.
Notons « Le Grand Reportage » de 25 pages consacré, dans ce premier numéro, aux youtubeurs par Claire Le Nestour et Matthieu Méron, « La Question du moment » par Guillernette Faure et Benjamin Adam
« Le Témoignage d’un adolescent syrien » par Zineb Dryef et Benjamin Bachelier, « Si loin, si proche » avec l’évocation de la chute du mur de Berlin par Mawil, « Les Maîtres du jeu » consacré aux pixels ultranormés par Pierre Corbinais et Léon Maret, « Tranche de l’art » par Frederik Peeters,
« La Capture d’écran » sur l’apocalypse selon Hollywood par Bernard Génin et Hughes Micol, « Ça part en live » qui revient sur les Sex Pistols par Pascal Pierrey et Marion Mousse,
« Short Story » avec le polo par Nix, « De qui se moque-t-on ? » par Pochep qui invite Tyrion Lannister, « Sans cliché » avec « Prise de vue » par Pascale Auzou et Vincent Sorel, « Chut… ça n’intéresse personne » par Nine Antico, « Dream Teen » par Lisa Mandel…
Des sujets, souvent sérieux, à la destination des 14/16 ans (cœur de cible) : rien à voir avec les grands héros de mes bons vieux journaux d’antan, principalement dédiés à la détente de leurs jeunes lecteurs.
Seule concession à la fiction, la série dessinée « Le Meilleur des mondes possibles » par Stéphane Melchior et Sacha Goerg qui évoque l’histoire d’un groupe d’adolescents affrontant leurs problèmes quotidiens (on peut retrouver les héros tous les vendredis sur le site toporevue.fr).
Après La Revue dessinée qui publie son treizième numéro ce mois-ci, Groom dont le second opus consacré aux réseaux sociaux (on en parlera bientôt) sort aussi le 1er septembre, la nouvelle collection Sociorama chez Casterman et La Petite Bédéthèque des savoirs aux éditions du Lombard, la bande dessinée se veut désormais instructive, intelligente, didactique, sérieuse… pas uniquement divertissante.
Les scénaristes imaginatifs cèdent la place à des journalistes, les dessinateurs maniaques du petit détail à des adeptes du dessin plus proche du croquis. Ce nouveau type de BD qui permet de ratisser un lectorat plus large est une solution intelligente pour permettre à de nombreux auteurs, souvent jeunes, de faire ce métier. Sans pour autant empêcher les auteurs d’œuvres classiques de poursuivre leur carrière dans les librairies.
En découvrant Topo (bimestriel de 144 pages en couleurs, format 20×26 cm,12,50 €), rares sont ceux qui n’auront pas établi le lien entre ce nouveau magazine et La Revue dessinée qui fête ses trois années d’existence. Avec un tirage de 20 000 exemplaires, 6 000 abonnés, le trimestriel indépendant fondé par des auteurs (dont Sylvain Ricard, Franck Bourgeron…) — et 150 contributeurs — peut s’offrir ce nouveau défi. La présentation est soignée, papier et impression de qualité. Du beau travail !
Henri FILIPPINI