Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Les Étoiles du temps » par Victor Hussenot

S’il y a bien un type de voyage qui n’échappe à personne, c’est celui qui consiste à voyager dans le temps ! Nous sommes tous des voyageurs temporels, dont l’obsession majeure est celle du temps qui passe, qui passe trop vite, qui passe sans que nous ne puissions l’arrêter. Cela n’a pas échappé non plus à Victor Hussenot, qui s’est mis en quête de le définir, en tout cas de tenter de le faire… car le temps est insaisissable…
Victor Hussenot est, avant tout, un graphiste et un coloriste exceptionnels. Son précédent album, « Les Spectateurs » (même éditeur, en janvier 2016), le démontrait aisément.
Il s’y adonnait déjà à une méditation sur la nature humaine, au gré d’histoires urbaines et poétiques tout à fait séduisantes.
L’itinérance y était quelquefois anecdotique mais il en réévaluait l’apparente banalité par un jeu des couleurs d’une grande habileté, où l’interpénétration des formes construisait un univers géométrique, coloré, ludique et sophistiqué à la fois.
On retrouve cette façon d’appréhender le réel dans ce nouvel album, dans lequel il explore le temps, ce que c’est, ce que c’était ou encore ce que ce pourrait être avec délice, qu’il s’agisse du temps de l’enfance, de celui de l’adulte ; ce dernier le vivant en le démultipliant et en le compliquant, ce que donne à voir des cases multicolores où les personnages constituent quelquefois des silhouettes se superposant jusqu’au vertige.
Très vite, l’auteur comprend que le temps, c’est de l’espace et que seul l’espace, de façon métaphorique, peut en rendre compte. Autant dire que le medium bande dessinée constitue un outil de choix pour le circonscrire, l’appréhender, le plier… mais des interférences graphiques prouvent que ce n’est pas suffisant : emboitements, déstructurations, désarticulations, décolorations progressives tentent de mettre le temps en images et c’est sans fin…
Cela nous vaut des pages ludiques et intellectuelles à la fois, des pages où l’on prend son temps à réfléchir au temps, des pages paysages, des pages puzzles, des pages pleines de ruptures chronologiques, combinant les constructions surréalistes. Au final, la réflexion philosophique pousse à un constat : le temps peut être concret, visible. On sait depuis Fred, qu’en bande dessinée, les montages de cases et les déplacements entre elles des personnages rendent compte sans difficulté d’un continuum-temps délirant et jovial. Hussenot en refait l’expérience…
Reste à découvrir, non pas la carte du Tendre, mais les cartes du Temps inventées par l’auteur pour comprendre que le temps est un continent en constance exploration et que c’est souvent une affaire de transports (genre drôle de métro !), qu’enfin le trio « temps quotidien, personnel et historique » est finalement un trio insupportable, ingérable, aléatoire provoquant un album atypique et totalement original.
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Les Étoiles du temps » par Victor Hussenot
Èditions Gallimard (20 €) – ISBN : 978-2-0750-7682-1