Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
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Plus de 500 ouvrages ont été consacrés à Hergé et à son personnage « Tintin ». Trouver un nouveau thème capable de titiller le lecteur devient de plus en plus difficile. Renaud Nattiez ose un sujet que l’on pensait intraitable : « Les femmes dans le monde de Tintin », publié aux éditions Sépia (www.editions-sepia.com ) ) propos d’un univers pourtant très masculin, si l’on excepte la Castafiore, véritable caricature de la féminité.
Si l’auteur s’étonne que les analyses soient rares sur la présence des femmes dans les 24 « Aventures de Tintin », il n’en relève pas moins le défi et aborde avec sérénité – et une pointe d’humour – la misogynie dans l’œuvre d’Hergé. Selon lui, 52 femmes ont joué un rôle véritable dans la série, parfois fort court. 24 d’entre elles sont considérées comme actives, de l’actrice du film de Rastapoulos dans « Les Cigares du pharaon » à Angelina Sordi (l’amie de Bianca Castafiore dans « L’Alph-Art ») en passant par Madame Pinson la concierge, Miarka la petite Tzigane, Madame Lampion… Vous l’aurez compris, à part le caricatural « rossignol milanais »,les femmes chez Hergé ne servent pas à grand chose. Puisqu’il fallait bien donner plus de consistance à l’ouvrage, une liste de 28 autres femmes est proposée, composée de personnages aux apparitions fugaces, telles l’épouse d’un malade dans « Tintin au Congo » où une voyageuse dans « L’Île noire ».
Au fil des pages l’auteur revient sur ces héroïnes discrètes en évoquant leurs « rôles » mais aussi les personnalités réelles qui ont inspiré Hergé. Il constate que les couples y sont rares et les enfants peu présents. Un chapitre à mes yeux injuste évoque la présence du peu de femmes dans les bandes dessinées de l’époque. L’iconographie est riche, la mise en page soignée. La couverture est signée Stanislas (auteur avec Jean-Luc Fromental des « Aventures de Hergé », album à plusieurs reprises réédité) qui propose aussi quelques savoureuses illustrations pleine page.
Ce petit bouquin de 76 pages, préfacé par Philippe Goddin se lit facilement. Son sujet malin comble une lacune dans la riche bibliothèque consacrée à l’œuvre d’Hergé.
Renaud Nattiez, ancien élève de l’ENA, docteur en économie, est inspecteur général de l’Administration et de l’Éducation nationale et de la Recherche honoraire. Il est l’auteur de deux ouvrages sur Hergé : « Le Mystère Tintin, les raisons d’un succès universel » (Les Impressions Nouvelles, 2016) et « Le Dictionnaire Tintin » (éditions Slatkine-Honoré Champion, 2017).
Henri FILIPPINI
« Les Femmes dans le monde de Tintin » par Renaud Nattiez
Éditions Sépia (15 €) – ISBN : 9 791033401469