À travers ce nouveau pavé de quasiment 350 pages, JeanLouis Tripp (1) continue son introspection familiale pour éclaircir et approfondir ce qu’il sait de son père. Ayant été troublé par déclaration de sa jeune sœur Cécile au sujet de son précédent chef-d’œuvre en bande dessinée (« Le Petit Frère »), où elle trouvait qu’il dessinait très bien le regard triste et perdu de leur géniteur, JeanLouis a décidé de nous raconter la vie ce dernier, avec son talent graphique et narratif habituel… Car, lui, comme il est longtemps resté enfant unique, il a connu un autre homme : un père affectueux, avec ses flamboiements, ses folies, mais aussi ses failles… Bref, un homme vivant, très vivant !
Lire la suite...« Swan T1 : Le Buveur d’absinthe » par Néjib

Si le graphiste Néjib avait déjà impressionné la critique avec son très documenté roman médiéval graphique « Stupor mundi » (également publié chez Gallimard, en 2016), son nouvel ouvrage, tout aussi soucieux des sources historiques, est le premier tome d’une série située dans le Paris des impressionnistes. Elle raconte la naissance de l’art moderne, sans tomber dans le didactisme à tout crin, grâce à un scénario effervescent, dont la technique narrative est complètement maîtrisée, soutenu par un graphisme toujours très jeté et épuré, mais aux compositions bien plus denses que celles que l’auteur a pu réaliser précédemment !
Cet axe documentaire permet aussi, à ce diplômé des Arts déco, d’évoquer le rôle dévolu aux femmes de l’époque, et particulièrement leur difficulté à s’imposer, autrement que comme modèles, aux membres influents de l’Académie…Â
« Le Buveur d’absinthe », titre d’un tableau qui fit scandale, peint par un Manet alors inconnu et dont les Å“uvres personnelles sont systématiquement refusées au Salon de peinture, se déroule en 1859, alors qu’une jeune fille nommée Swan et son frère Scott débarquent des États-Unis, afin de vivre dans la capitale des arts qu’est alors Paris et essayer de percer dans la peinture. Manifestement plus talentueuse que son frère, l’héroïne part quand même avec un sacré handicap : sa condition de femme. En effet, l’art avec un grand A est encore considéré comme une affaire uniquement réservée aux hommes.Â
En pleine métamorphose menée par le baron Haussmann, la capitale française foisonne de talents sans le sou et qui ne sont absolument pas reconnus par l’ordre établi : que ce soit à l’école des Beaux-Arts ou dans les bistrots.Le parcours vers la reconnaissance artistique des personnages fictifs créés par Néjib (qui croisent toutefois des personnalités ayant réellement existé), sera, évidemment, semé d’embûches… : cette situation romantique, quelque peu similaire à celle que vivent les nombreux graphistes, illustrateurs ou dessinateurs d’aujourd’hui, est habilement suggérée par le sens inné du découpage et du dynamisme de cet auteur au trait vraiment original…
« Swan T1 : Le Buveur d’absinthe » par Néjib