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L’instant d’après ou le moment où il faut se déconnecter de trop de cyber-technologie

29/08/2019
Par Laurent Lessous

Dans un futur proche, très proche, nos vies seront soumises à un contrôle technologique croissant. Des intelligences artificielles nous guideront dans nos choix jusqu’à limiter notre libre arbitre… Mais, rien n’est écrit d’avance, l’homme peut reprendre son destin en main en devenant conscient des risques inhérents aux nouvelles technologies. C’est ce que démontrent les huit courts récits de « Instants d’après », un manga émouvant qui engage à la réflexion.

Dans un futur proche, à Tokyo, Nana Sakashita est une jeune cadre dynamique et ambitieuse. Comme tout à chacun, elle reçoit chaque lundi un certain nombre de points de chance. À elle de les faire fructifier dans sa vie professionnelle ou affective. Pour l’instant, seul le travail compte pour Nana. Elle dépense raisonnablement ses points pour pouvoir prendre le train afin d’arriver à l’heure au travail ou pour améliore la présentation d’un projet lors d’une importante réunion. Mais une collègue concurrente dispose de davantage de points de chance et va la devancer devant ses supérieurs hiérarchiques. Un grain de sable vient perturber les algorithmes calculés par de puissants ordinateurs, sont stagiaire si malchanceux lui fait une troublante révélation, …

« Points de chance » est le premier des courts récits de cet album. Ces huit histoires ont pour thématique l’impact des nouvelles technologies sur notre quotidien dans un futur très proche. Elles invitent toutes à une réflexion sur notre rapport aux jeux vidéo, aux applications intrusives, à notre soumission au génie génétique. En creux, nous pouvons y lire une critique de notre société consumériste à l’individualisme forcené. Tous les personnages de ce manga souffrent de solitude et compensent leur manque de communication par une fuite dans des technologies déshumanisées.

Ainsi dans « Un simple destin », l’héroïne abandonne l’homme qu’elle aime pour confier son avenir sentimental à un programme gouvernemental qui a enregistré le patrimoine génétique de la population pour détecter les affinités entre les personnes à partir de leur ADN. En suivant les recommandations de ce site de rencontre particulier, elle prend rendez-vous avec un homme gentil, sans doute un peu terne. Ils se marient et ont un enfant ensemble. Quand elle croise par hasard le compagnon qu’elle a quitté, elle s’estime heureuse, très heureuse, mais est-ce bien vrai ?

Nous n’allons pas ici résumer les huit récits de cet album.

Signalons simplement qu’ils traitent tous avec délicatesse et une profonde humanité d’un sujet différent autour d’une thématique unique ; de l’addiction aux jeux vidéo en réalité virtuelle au transfert de conscience dans des androïdes pour des personnes âgées isolées et de la dépendance aux engins connectées pour garder son enfant pour une mère célibataire à la facilité des arnaques par l’intermédiaire des réseaux sociaux.

Daisuke Imai est un mangaka reconnu en Europe depuis la publication de « Sangsues » et « Destins parallèles Elle & Lui ».

Avec un style simple et délicat, il donne à penser sur l’évolution de nos sociétés dans des récits bien construits, centrés sur des personnages aux psychologies ambivalentes, souvent fragilisés par une solitude toute contemporaine.

S’il ne nie pas que les technologies modernes ont bien des aspects positifs, pour lui, c’est sûr, le progrès n’est pas synonyme de bonheur. Une morale intelligente, douce-amère sur les évolutions prévisibles d’une humanité de plus en plus connectée.