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Cuba, rumba et désillusions…

05/02/2021
Par Didier Quella-Guyot

En 2016, Yasmina Khadra publiait, sous le titre « Dieu n’habite pas La Havane », le roman que viennent d’adapter Arnaud Floc’h et Véronique Grisseaux, un roman qui fleure bon Cuba (bien entendu), les tropiques, les vieilles automobiles américaines et la musique, surtout la musique ! D’ailleurs, dès la couverture, le « Buena Vista Café » évoque pour tout un chacun le « Buena Vista Social Club », un film et album mémorables…

Au cœur du récit, Juan del Monte Jonava, un chanteur bientôt sexagénaire, apprécié, réputé même dans les cabarets de La Havane, vient d’être brutalement « remercié ». Du jour au lendemain, celui qu’on surnommait Don Fuego à cause de sa voix chaude et envoutante, doit retrouver du travail. Lui qui, séparé de son épouse, vivait chez sa sœur, faute de mieux, se sent perdu, humilié, désarmé. À 59 ans, pas facile de relancer une carrière, d’autant que la mode n’est plus à la rumba !

Juan ne baisse pas les bras et cherche des contrats. Compliqué ! D’autant que Fidel Castro est au pouvoir, que l’État décide de tout et que l’île connait les restrictions. C’est à ce moment-là que Juan rencontre Mayensi : une jeune femme étrange, méfiante, sauvage, mais intrigante, voire attachante. Pourtant, pas question de relation amoureuse avec elle ! Mayensi pose des limites aux hommes et prend des risques pour les faire respecter…

Cet album, c’est aussi l’histoire de son fils, Ricardo, et de l’attraction des États-Unis pour tous ces jeunes qui rêvent de liberté et d’une autre vie. Arnaud Floc’h s’attache ainsi à restituer les rues de la Havane, les vieilles maisons coloniales, mais aussi les quartiers populaires et miséreux ou les bords de plage loin de la ville. L’album suggère l’évident mal être d’une population en proie aux doutes. Heureusement, la musique ou l’alcool, les amis aussi, sont là, par moments, pour faire tout oublier…