Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...Le sang des valentines

Avec ce magnifique album, Christian de Metter et Catel illustrent la douleur d’une époque qu’ils projettent sur le destin personnel d’un homme. Seul l’amour, même reposant sur le mensonge engendre l’espoir et lui donne l’envie de continuer à vivre.
Dans les tranchées de la guerre 14-18 , Augustin Dortet lit et relit les lettres enflammées et illustrées de dessins – les fameuses valentines du titre -, que lui adresse Geneviève, son épouse. Celle-ci, qu’il avait quittée dépressive, avoue à Augustin qu’une récente et grave maladie lui a permis de relativiser et de prendre conscience de son amour pour lui. Grâce à cette correspondance qu’il entretient, Augustin retrouve l’envie de survivre et de sortir de l’enfer dans lequel il est plongé. Las, de retour chez lui, il est trop tard. Sa femme est morte. Désespéré, prêt à commettre l’irréparable, il retrouve Félicien, dandy devenu gueule cassé, et Louisa, sa jeune gouvernante. Entre les trois personnages va se jouer la trame finale d’une histoire qui voit la douleur d’une époque se projeter sur le destin personnel d’un homme. Seul l’amour, même reposant sur le mensonge, engendre l’espoir et lui donne l’envie de continuer à vivre.
Auteur au graphisme pictural, adepte de la couleur directe aux dominantes sombres, Christian De Metter n’en offre pas moins à ce récit une lisibilité exemplaire. Détaché du schéma d’une construction linéaire plus habituelle dans le neuvième art, c’est sur les attitudes de ses personnages (souvent présentés en gros plan), sur l’ambiance et sur les cadrages que joue cet auteur pour insuffler mouvement et dynamisme à son histoire. Catel, qui a contribué à la réflexion du scénario (que De Metter a ensuite écrit seul) apporte une fraîcheur graphique au récit, en prenant en charge l’illustration des valentines et des parties oniriques. Son trait, en totale contradiction avec celui de De Metter (la plume opposée au pinceau) renforce, si besoin était, le réalisme de la trame principale en y introduisant une dimension poétique, petite touche de légèreté dans une atmosphère intensément lourde et poignante. LT
Casterman – Collection « Un Monde » – 13,50€