Après le succès de ses très réussis « Shangri-La » et « Carbone & Silicium » — où il explorait les théories des paradoxes temporels, puis les conséquences des progrès technologiques sur la détérioration de l’homme —, Mathieu Bablet (1) aborde le récit postapocalyptique dans sa nouvelle grande fresque de science-fiction proposée dans le Label 619 désormais hébergé par les éditions Rue de Sèvres. Dans un lointain futur, les insectes pollinisateurs ont disparu à la suite de bouleversements climatiques… et la Terre est devenue aride et stérile. Une biologiste a pour mission de retrouver les traces génétiques des abeilles, dans l’espoir de revenir au monde d’avant. Une fable écologique et initiatique, aussi complexe qu’envoûtante, qui nous donne furieusement envie d’aller de l’avant !
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Le maître d’arts martiaux a tendance à boire un coup de trop et à regarder la jolie serveuse, alors que l’élève préfèrerait rester au lit à rêver qu’il est devenu une star du show bis, pendant que les chômeurs abandonnés par leur épouse veulent en finir avec la vie. A côté de tout cela, la jeune fille n’est pas du tout ce que l’on croit.
Bd muette hautement expressive (où les bulles elles-mêmes sont en pictogrammes), déclinée dans un style volontairement dépouillé donnant à l’ensemble un tour naïf et spontané, cet album dégage le charme incontestable d’une oeuvre subtile et tendre. Le plaisir inconscient que prend le lecteur à décrypter le sens des cases sans l’appui du texte se trouve en fait rapidement contrebalancé par le malaise né d’une série de détails cadrant mal avec un récit de vie quotidienne. D’une part, les personnages se révèlent complexes et contradictoires, se débattant entre leurs pulsions, leur désespoir, leur doute et leur égoïsme. D’autre part, une mystérieuse bouche d’incendie occupe une place d’emblée anormale alors que la jolie et gracieuse serveuse se livre à d’énigmatiques pratiques. Avec une remarquable économie de moyens, Eco exprime avec force les fêlures des personnages, s’interrogeant sur la condition misérable d’une humanité à la dérive, submergée par son impuissance et sa petitesse. Finalement, ce récit pourtant très court sonne comme une analyse désespérante et mélancolique des choix individuels et collectifs d’une civilisation plus vulnérable qu’elle n’en a conscience.
JD
Fire plug Kung Fu, de Eco, La Boîte à bulles, 12,50 euros