Avec la complicité habituelle de Doug Headline (le fils du célèbre écrivain), le Grand Prix d’Angoulême en 1990 s’est attaqué avec brio à une nouvelle mise en images d’un roman noir de la figure tutélaire du polar francophone : Jean-Patrick Manchette. Il s’agit, après « Morgue pleine » (déjà adapté en BD par les mêmes auteurs), de la seconde — et donc dernière ! — enquête du détective privé Eugène Tarpon. Elle est parue en 1976 dans la collection Super Noire des éditions Gallimard et elle fut tournée pour le cinéma sous le titre « Pour la peau d’un flic » par et avec Alain Delon, en 1981. Drôle et efficace, « Que d’os ! » imbrique de patibulaires personnages hors normes dans des situations plus qu’improbables.
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Voilà donc la nouvelle série-concept concoctée par le scénariste David Chauvel, réalisée, pour chaque album, par un duo d’auteurs différents : « des récits à haute détention », comme le précise la pub de l’éditeur, présentant huit récits de fiction pure (ou basés sur des faits réels) qui racontent des tentatives d’évasion ! Fort du succès de ses précédentes bonnes idées éditoriales (7, puis Le Casse : des concepts simples qui ont fait leurs preuves), le brillant scénariste s’est entouré de collègues qui, eux aussi, ne sont pas les derniers venus : Sylvain Ricard, Mathieu Gabella, Herik Hanna, Thierry Gloris, Serge Lehman, Olivier Jouvray et Kris.
Et c’est Sylvain Ricard qui s’y colle pour lancer la série, avec l’histoire d’un homme qui va tenter de s’échapper d’un pénitencier isolé, perdu au beau milieu du désert du Maroc, en 1898. Le corse Ange Lucciani a été déporté et enfermé ici pour insubordination et refus d’obéissance… Arrivé sous un soleil de plomb, il est très vite rasé, battu et humilié, histoire d’être mis en conditions. Son caractère bien trempé va non seulement lui attirer les foudres du surveillant de la prison décidé à lui mener la vie dure, mais aussi celles d’une bonne partie de ses nouveaux compagnons d’infortune. Évidemment, face à ces conditions déplorables et souvent inhumaines, notre « héros » ne peut envisager qu’une seule chose : l’évasion…
L’écriture maîtrisée du scénariste de « Kuklos », des « Rêves de Milton », de « Guerres civiles » ou de « Stalingrad Khronika » met en valeur l’horreur des humiliations subies dans ce bagne militaire et la quête nécessaire de liberté et de dignité qui s’en suit : sa narration s’appuyant sur l’inventivité de son imagination plutôt que sur une documentation poussée sur le sujet, celle-ci s’étant avérée plutôt rarissime… Alors, le tatouage d’une moustache utilisé comme marque suprême de rébellion : fiction ou réalité ?
Enfin grâce au dessin réaliste solide d’Olivier Thomas, rehaussé par une chaude mise en couleur de Christophe Araldi, l’ouvrage devient un agréable divertissement qui réussit, justement, à nous faire évader…, du quotidien !
Gilles RATIER
« La Grande évasion » T1 (« Biribi ») par Olivier Thomas et Sylvain Ricard
Éditions Delcourt (14,95 €) – ISBN : 978-2-7560-2381-6











