Revenant au dessin et aux fondamentaux de ses débuts — à une époque où il privilégiait la gaudriole, le grand guignol et la liberté graphique, ce qui était notamment le cas dans le recueil intitulé « Nocturnes » —, Régis Loisel nous gratifie d’un étonnant et magnifique album, de très belle facture, aux éditions Rue de Sèvres : « La Dernière Maison juste avant la forêt », avec l’aide scénaristique de son ami Jean-Blaise Djian. Une histoire foisonnante — de 160 pages — située dans un univers loufoque, délirant, aux limites du fantastique, mais qui est remplie de bons sentiments, et où l’on retrouve tout l’amour pour l’humanité du cocréateur de « La Quête de l’oiseau du temps » ou de « Magasin général » !
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« Le diable amoureux : et autres films jamais tournés par Méliès », « Africa Dreams : L’ombre du roi »
- « Le diable amoureux », Fabien Velhmann & Frantz Duchazeau, Dargaud, 14,50 €
Placé sous la référence de Gaxotte, et sous titré « Et autres films jamais tournés par Méliès », cet album se propose explicitement, à travers 7 nouvelles mêlant venture, humour et fantastique, de restituer l’esprit du grand pionnier des effets cinématographiques. Avec un dessin aux traits très ambiance Belle époque ou Années Folles, et une galerie de portraits tout droit tirés des feuilletons de l’époque (le diable, les automates, les rats, le roi des mendiants, le Pôle nord, la femme à barbe), ces récits courts mais intenses, nous entraînent à travers le Paris éternel, aux cotés de Méliès et de quelques célébrités (ainsi Joséphine Baker et Houdini), sur la piste d’un merveilleux qui n’avait pas peur de s’afficher comme tel.
- ?Africa dream 1, L’ombre du roi?, Maryse et Jean-François Charles & Frédéric Bihel, Casterman, 12,50€
En 1913, le jeune Paul Delisle, menant une quête à la fois spirituelle et familiale, rejoint les Pères blancs, quelque part dans l’est du Congo. Il y découvre que les monstres et les barbares ne sont pas ceux que l’ont croient ni Europe ni sur place. Superbement mis en page par Bihel, dans un style réaliste très pictural, ce récit du couple Charles présente avec justesse l’envers du rêve colonial européen, quand le devoir de civilisation cède le pas devant les appétits impérialistes et l’exploitation économique. Une belle entrée en matière pour découvrir la réalité d’une colonie d’exploitation, où le dévouement de certains côtoie les comportements les plus abjects des autres. Une vraie leçon d’histoire.
Joël Dubos








