Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« La Propriété » par Rutu Modan

L’illustratrice israélienne Rutu Modan s’était déjà faite remarquer avec son excellent « Exit Wounds » chez Actes Sud (prix France Info 2008 de la bande dessinée d’actualité et de reportage), ce qui l’avait fait sortir d’un certain anonymat en Europe francophone. Pourtant, elle n’en était pas à son premier coup d’essai, ayant publié, auparavant, de nombreux dessins humoristiques et politiques dans la presse israélienne et américaine (collaborant régulièrement au New York Times), édité une version en hébreu du magazine américain Mad, fondé le collectif Actus Tragicus en 1995 et réalisé l’album « Énergie bloquée » (toujours chez Actes Sud) ou l’ouvrage pour la jeunesse « Fou de cirque » chez Albin Michel, en 2005 (1). Elle nous revient avec une formidable et singulière fiction picaresque sur les racines d’une famille israélienne d’origine polonaise.
Peu de temps après le décès de son père, une jeune israélienne accompagne sa grand-mère à Varsovie. Ces deux femmes, au départ de l’aéroport de Tel-Aviv, espèrent alors récupérer une propriété familiale spoliée pendant la Seconde Guerre mondiale. Déjà dotée d’un sacré caractère, la vieille dame adopte un étrange comportement à son arrivée : le choc de la confrontation avec les traces d’un passé enfoui la rendant encore plus irascible. D’autant plus qu’un insupportable ami de la famille, rencontré dans l’avion, ne cesse de les espionner et de leur mettre des bâtons dans les roues…
Étonnamment, la mémoire des survivants de la Shoah et leurs lourds secrets de famille sont traités avec une certaine légèreté et avec beaucoup d’humour : les situations absurdes se multipliant, sur fond d’amours et de trahisons, dans une ambiance plutôt hystérique. Par ailleurs, cet émouvant et généreux roman graphique de plus de deux cents pages est également mis en images avec force et subtilité, grâce à l’utilisation d’une ligne claire qui joue habilement sur la teinte et le contraste des contours : le trait s’adaptant parfaitement aux arrières plans pour mieux focaliser les regards et accentuer la lisibilité de l’ensemble.
(1) Les éditions Actes Sud Junior viennent également de traduire une autre bande dessinée de Rutu Modan : « Nina chez la reine d’Angleterre ». Pleine d’humour, car secouant allègrement la bienséance, elle est plus particulièrement destinée, elle aussi, à un jeune lectorat
« La Propriété » par Rutu Modan
Éditions Actes Sud BD (24,50 €) – ISBN : 978-2-330-02233-4
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