Disparu il y a déjà sept ans, René Pétillon — bien connu pour ses dessins d’humour dans Le Canard enchaîné, mais aussi pour son inénarrable détective Jack Palmer dont l’enquête corse a notamment fait parler de lui, car adaptée au cinéma — (1) avait travaillé, depuis 2008, sur ce scénario quasiment achevé. Bien qu’il en ait également assuré partiellement le découpage et les crayonnés (donc, il ne restait pratiquement plus qu’à dessiner l’album), il avait abandonné cet ultime projet pour différentes raisons, dont la nécessité d’honorer d’autres entreprises en cours. C’est le célèbre Manu Larcenet (2), récemment auréolé de son adaptation de « La Route », qui a été approché pour s’approprier l’histoire, la terminer et la mettre en images : un très bon choix !
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Les amateurs de mythes anciens vont adorer ! Manifestement, en nous contant le destin de deux princesses de l’Égypte de Ramsès III (que l’on considère souvent comme le dernier des pharaons, « avant que ne débute un lent et inexorable déclin », comme le précise Christian Jacq, romancier spécialiste de cette époque, dans sa préface), l’Ukrainien Igor Baranko semble s’être solidement documenté ; même si les égyptologues tatillons y trouveront toujours à redire?
En plein désert, deux des filles que le souverain a eu avec ses concubines favorites tombent dans un piège fomenté par l’épouse en titre et échappent de peu à la mort… Elles se retrouvent dans les ruines d’une ville considérée comme maudite pour avoir été, deux siècles auparavant, la capitale choisie par Akhénaton, pharaon ayant aboli le culte des dieux au profit d’un seul : Aton.
Ce copieux et complexe diptyque, à prendre souvent au second degré au niveau de l’aventure, ballote inlassablement nos deux héroïnes entre conspiration, superstition et magie noire, pendant cent vingt pages où explose surtout la maîtrise du noir et blanc de cet auteur que l’on avait déjà remarqué sur les chamaniques trilogies « La Danse du temps » et « L’Empereur océan ». En effet, son trait noir élégant et puissant (qui nous rappelle un peu celui d’Hugo Pratt ou d’Eduardo Risso) et le soin qu’il apporte aux décors rattrapent, au mieux, les légères déficiences d’une narration peut-être un peu trop confuse et poussive pour que l’on crie au chef-d’œuvre ! Et soyons optimistes, dans la deuxième partie prévue en octobre, tout sera certainement parfait !
Gilles RATIER
? Les Princesses égyptiennes ? première partie par Igor Baranko
Éditions Les Humanoïdes associés (19,95 Euros)