« Les Aventures de Gérard Crétin » est une bande dessinée en une page proposée dans le mensuel Mikado des éditions jeunesse Milan, entre 1989 et 1994, et c’est la première série de gags que l’immense Florence Cestac (1) a créée spécifiquement pour la presse ! Son antihéros a tendance à être vantard et gaffeur : il croit souvent savoir tout faire mieux que les autres et être le meilleur en tout… Mais il est quand même attachant, car terriblement naïf ! Ainsi, il enchaîne les situations hilarantes et embarrassantes, incarnant, avec une tendre absurdité, certains travers humains. Le trait de la reine du gros nez en BD y est déjà unique, même si elle juge avoir fait quelques progrès depuis. Mais comme le dit elle-même : « un petit coup de nostalgie, ça ne peut pas faire de mal ! »
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Tout le monde connait Livingstone et les célèbres retrouvailles avec Stanley (« Dr Livingstone, I presume?). Peu probable, en revanche, que quelqu’un connaisse Madame Livingstone… surtout quand il ne s’agit pas de son épouse, mais de son fils, un drôle de monsieur surnommé « Madame Livingstone », qui n’était cependant pas Écossais bien qu’il portât le kilt, mais Congolais. Bon, Reprenons…
On est en 1914, du côté des Grands Lacs, en Afrique centrale. Un aviateur belge, Gaston Mercier, est chargé par son Roi (propriétaire des lieux, ne l’oublions pas), d’aller couler un cuirassé allemand sur le lac Tanganyika (région du Katanga). C’est l’époque où Belges et Allemands tentent se partager en guerroyant à qui mieux-mieux, le cœur du continent noir. Pour ce faire, Mercier va se faire aider par un personnage local, étonnant – on dirait un drôle de zèbre si on n’était pas là-bas ! -, un métis porteur de kilt et qui se prétend fils de l’explorateur anglais et d’une Congolaise. Peu à peu, l’amitié unit ces deux individus sans point commun. Au contact de l’énigmatique Livingstone, le doute s’immisce dans l’esprit du militaire qui se demande de quel droit finalement les Européens s’écharpent si loin de chez eux, alors que les populations locales ne gagnent rien à l’affaire et même vont en pâtir le plus souvent. « Nous sommes étrangers sur ces terres : Congo belge ou Tanganyika allemand, les Africains s’en foutent complètement », se dit-il. Ce que complète Livingstone en affirmant « Les frontières, c’est vous qui les faites ».
Alors qu’une préface de Jean Auquier, intelligente et éclairée, ouvre l’album, un dossier final apporte sa part d’informations, de documents (notamment sur l’armement) et de croquis préparatoires qui valident cette œuvre humaine et nuancée consacrée à un épisode bien réel de la guerre de 14 et à ce bateau allemand dont Baruti évoque l’incroyable destin. Et c’est au bilan un très bel album, coécrit par le scénariste Apollo et Christophe Cassiau-Haurie, grand spécialiste de la BD africaine, pour lequel Barly Baruti a réalisé un superbe travail, traitant notamment ses couleurs avec subtilité. Les cases sylvestres ou nocturnes sont magnifiques ; les reflets du ciel sur le fleuve ou le jeu des nuages donnent également lieu à des effets spectaculaires et l’œil s’arrête inévitablement sur ces ambiances africaines que l’auteur connait de l’intérieur, bref voilà une centaine de planches qui font réfléchir… et voyager.
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook) : http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Madame Livingstone : Congo, la grande guerre» par Barly Baruti et Christophe Cassiau-Haurie
Éditions Glénat (22,50 €) – ISBN : 978-2-7234-9719-0
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