Depuis « Détective Rollmops » en 2013, nous connaissons la qualité du travail du duo Renaud Farace/Olivier Philipponneau. Ils s’amusent à créer des univers décalés dans des bandes dessinées soumises à des contraintes ludiques, dans le droite ligne de celles inventées par les créateurs de l’OuLiPo (Ouvroir de littérature potentielle) et plus encore de l’OuBaPo (Ouvroir de bande dessinée potentielle). Leur dernier ouvrage, « Forbans », propose un récit de piraterie classique agrémenté de mots-valises, autour d’étranges petits personnages dessinés avec beaucoup de spontanéité.
Lire la suite...Exposition « Ulysse les chants du retour » à Blois…
La bibliothèque Abbé Grégoire de Blois accueille jusqu’au 26 novembre une belle exposition consacrée à l’album de Jean Harambat, « Ulysse les chants du retour », publié chez Actes Sud et récompensé l’an dernier aux Rendez-vous de l’histoire par le prix Château de Cheverny de la bande dessinée historique 2015.

Sylvain Gache, commissaire de l’exposition, secondé par Nelly Bris, François Souvay et Bruno Goujon, nous offre une exposition digne du bel album de Jean Harambat, grâce à une scénographie toute en ambiance, qui sait entraîner le visiteur à la découverte d’une interprétation de l’œuvre d’Homère.
Dès l’entrée, on est aspiré par le paysage d’Ithaque tel que le restitue l’album. On passe ensuite dans un espace consacré au jeu des références culturelles évoqué dans la bande dessinée.
Le cinéma y est convoqué avec une acuité particulière, notamment par l’intermédiaire de l’affiche du film de Mario Camerini — sorti en 1954 et devenu légendaire grâce à l’interprétation d’Ulysse par Kirk Douglas —, mais aussi avec de nombreux extraits de films.
On parcourt pour finir les espaces évoquant le mégaron (la pièce d’apparat et de vie des palais à l’époque d’Homère), qui multiplie les clins d’œil à l’album (foyer, harpe, tables, etc.).
L’un des points forts de l’exposition repose en outre sur les originaux, notamment de magnifiques planches aquarellées, prêtées par Jean Harambat. Où l’on voit évoluer le travail de l’artiste, vers une épure allant à l’essentiel sans rien sacrifier de sa force d’expression.
Enfin, il importe de signaler la volonté manifeste du commissaire de réserver une place de choix aux planches de l’album, qui sont au demeurant parfaitement mises en valeur, de manière sobre, élégante et efficace.
Finalement, Sylvain Gache nous gratifie donc, une nouvelle fois, d’une exposition intimiste, qui sait suggérer sans s’appesantir et évoquer avec discrétion les qualités aussi bien narratives que graphiques de l’album. La scénographie, guidant le visiteur vers plusieurs éléments saillants avec une touche de discrétion, répond ainsi avec subtilité à la finesse du travail de Jean Harambat.
Joël DUBOS













