Prix du meilleur album au festival Quai des bulles de Saint-Malo, cette monumentale fresque d’apprentissage en 280 pages en noir et blanc, où seules les mélodies apportent de la couleur, mérite vraiment votre attention ! C’est une quête initiatique, mise en scène par Édouard Cour (aux dessins) et Jean-Christophe Deveney (au scénario), qui nous plonge dans le Saint-Empire romain germanique du début du XVIIIe siècle. En suivant l’ascension, à la fois magnifique et tragique, de deux talentueux jumeaux orphelins — sur qui plane l’ombre d’un mystérieux compositeur allemand qui signe ses partitions des trois mots « Soli Deo Gloria » —, elle nous entraîne vers une méditation métaphysique sur le sens de la création, nous rappelant le pouvoir qu’a la musique sur les humains !
Lire la suite...« Ville avoisinant la terre » par Jorj Abou Mhaya
Que voilà un ouvrage étonnant : tant sur le plan du scénario, aussi kafkaïen que maîtrisé, que du dessin au lavis (dégradés de gris obtenus en diluant de l’encre), presque surréel. En plus, cette métaphore de la condition humaine est due à un peintre et dessinateur libanais inconnu jusqu’à lors, né à Beyrouth pendant la guerre civile : un environnement peu favorable à l’épanouissement d’un tel talent ! Bravo aux éditions Denoël Graphic pour cette formidable découverte moyen-orientale…
Après avoir exposé ses premières toiles à l’âge de dix-sept ans à l’International Art Gallery de Londres, Jorj A. Mhaya devient caricaturiste et illustrateur pour plusieurs journaux et agences de publicité du Liban. S’étant nourri intellectuellement des bandes dessinées étrangères (on sent, au niveau de l’esthétisme de son trait, qu’il a beaucoup lu Rabaté ou Prado), il réussit à publier ce premier roman graphique en langue arabe aux éditions Dar Onboz, en 2011.
Son travail est reconnu d’emblée puisque« Ville avoisinant la terre » remporte le prix du meilleur album en langue originale au Festival international de la bande dessinée d’Alger en 2012. Ensuite, ce jeune artiste de quarante ans a choisi de finaliser la deuxième partie de cet ouvrage dont vous pouvez découvrir l’intégralité, grâce à Denoël Graphic, à la Maison des auteurs d’Angoulême. Il est, actuellement, en train de préparer un nouveau projet évoquant la vie quotidienne au Liban, en période de guerre et de paix, à travers le regard d’un personnage enfant, puis adolescent.
Comme tous les jours, Farid Tawil prend le bus pour rentrer du travail, mais, ce soir, il se rend compte, médusé, que son immeuble a disparu, et, avec lui, sa femme et ses enfants. C’est même toute sa ville qui semble s’être transformée en un labyrinthe où le Beyrouthin ne fait que s’égarer. Il se réfugie chez son un ami d’enfance qu’il n’a pas vu depuis longtemps et qui lui paraît également totalement transformé, ayant quitté son épouse pour vivre avec une femme énigmatique dégageant une sensualité torride. 
Avec ses personnages tordus, ses foules hystériques, ses révolutionnaires costumés déments ou ses citadins minés par l’angoisse, l’auteur, qui a vécu toutes ces violences, retranscrit, avec poésie, un peu de la folie qui s’est emparée de Beyrouth durant la guerre, à travers ce récit halluciné, tout en clair-obscur, aussi dérangeant que fascinant.
« Ville avoisinant la terre » par Jorj A. Mhaya
Éditions Denoël Graphic (17,90 €) – ISBN : 978-2-207-13573-0














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Absolument fantastique. La meilleure BD, à mes yeux, que j’ai vue ces dernières années