Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Ces jours qui disparaissent » par Timothé Le Boucher

Voici un étonnant roman graphique de près de 200 pages sur la schizophrénie et la dissociation identitaire, sous couvert d’un récit fantastique (et même futuriste) où le héros se retrouve un beau matin avec des pertes de conscience, mais pas de connaissances : une autre personnalité, totalement différente de la sienne, a désormais pris sa place, un jour sur deux…
Après une sévère chute sur la tête survenue alors qu’il accomplissait un numéro d’équilibriste dans un théâtre, le jeune acrobate Lubin Maréchal se rend compte, à son réveil, qu’il a raté une journée. Cet incroyable phénomène va se reproduire tous les deux jours : ce qui commence à lui poser pas mal de problèmes dans son quotidien, que ça soit en ce qui concerne son travail, ses passions artistiques ou même sa vie amoureuse.
D’autant plus qu’il se rend compte que cet autre lui, qui a pris possession de son corps et qui le remplace les jours où il est absent, est complètement autonome et qu’il a une personnalité diamétralement opposée à la sienne. Au fur et à mesure du temps qui passe, il va pourtant s’organiser, réussissant même à communiquer, par messages vidéo interposés, avec ce double qui lui en fait voir de toutes les couleurs : en changeant de look de façon inopiné, en faisant des entorses à son régime alimentaire imposé ou en s’impliquant dans un nouveau job dans l’informatique. Rêveries et pragmatisme ne font donc pas bon ménage !
Et l’on dirait bien que c’est celui qui paraît le plus mature qui semble prendre le dessus, grignotant, peu à peu, des jours de présence supplémentaires…
Remarqué dès ses deux premiers albums (« Skins Party » chez Manolosanctis en 2011 et « Les Vestiaires » à La Boîte à bulles en 2013), le talentueux Timothé Le Boucher confirme, dans cette troublante et profonde réflexion sur le dédoublement de la personnalité, tout le bien qu’on pouvait penser de lui. Tout d’abord, la narration est fort bien maîtrisée : en effet, l’auteur parvient à nous captiver tout du long de ce saisissant suspense, sans négliger l’approfondissement des relations humaines. Quant au fluide et élégant graphisme qu’il adopte, même s’il flirte continuellement avec ceux que l’on retrouve dans les mangas (ou dans les films nippons du style Miyazaki) — à l’instar d’un Bastien Vivès, par exemple —, il ne devrait pas trop décontenancer les adeptes d’une ligne franco-belge plus classique.
« Ces jours qui disparaissent » par Timothé Le Boucher
Éditions Glénat (22,50 €) – ISBN : 978-2-344-01332-8