Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« L’Ours Barnabé T18 : Un nouveau monde » par Philippe Coudray

Le plantigrade philosophe le plus célèbre du petit monde de la bande dessinée nous revient dans un dix-huitième volume à l’humour toujours aussi singulier. Cet animal à la zénitude affirmée délaisse, ici, ses montagnes pour la ville et le monde de l’art contemporain. Son regard sans concession hésite entre ironie désabusée et humour absurde.
Depuis 1980, en 18 albums, Philippe Coudray donne vie au petit monde de l’ours Barnabé. Ce sympathique plantigrade vit tranquillement dans un pavillon à flanc de montagne, près d’amis fort différents : une renarde, un kangourou ou un petit lapin. La petite troupe animale vit de courtes aventures en une page, de trois et sept cases, qui n’ont rien de commun avec les fables d’Ésope ou de La Fontaine : sans morale lénifiante, un humour absurde, parfois nonsensique, règne en maître sur ce petit univers.

L'Ours Barnabé T18 page 5
En une page, le toujours débonnaire Barnabé triomphe, avec une sagesse jamais prise à défaut, des petits tracas du quotidien. Il sait par exemple quoi faire d’une maquette de navire cassée par un ami indélicat. On le voit, dans cet album, délaisser ses montagnes pour la ville et le monde de l’art. Il visite ainsi plusieurs galeries avant de comparer les graffitis contemporains à l’art rupestre du paléolithique, puis s’amuse à déstructurer des statues modernes avant de s’essayer lui-même à la peinture.
De quoi se moquer gentiment de certains travers de l’art contemporain avec des jeux renouvelés avec les mots et avec les images. Ce côté ludique de la narration rapproche le travail de Philippe Coudray, lui-même artiste peintre reconnu, à celui d’auteurs pour la jeunesse comme Claude Ponti.
On peut lire les 48 pages de ce nouvel opus des aventures de cet ours épicurien comme une ode à la liberté, à l’indépendance d’esprit et à une fraternité sans calcul. Tout le monde peut y trouver son compte, des plus jeunes aux plus âgés, car l’album autorise plusieurs niveaux de lecture.
Nous ne pouvons que vous recommander la lecture d’une série récompensée fort justement du prix des écoles lors du festival d’Angoulême 2011 et prescrite pour les élèves de cycle III par l’Éducation nationale. Dans le monde doux et poétique de Barnabé, tout se résout en jeux de mots ou en jeux visuels. Le rejoindre par la lecture est un bonheur toujours renouvelé, une douce addiction dont il est difficile, voire impossible, de se défaire. À vous de vous laisser tenter, si ce n’est déjà fait depuis longtemps !

Barnabé promène son chien
Laurent LESSOUS (l@bd)
« L’Ours Barnabé T18 : Un nouveau monde » par Philippe Coudray
Éditions La Boîte à Bulles, collection La Malle aux images (12,50 €) – ISBN : 978-2-84953-290-4