Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Nestor Burma T11 : L’Homme au sang bleu » par Emmanuel Moynot

Adaptant une des rares enquêtes situées hors de Paris du célèbre détective privé, créé par Léo Malet, Emmanuel Moynot réussit, tout en respectant l’univers graphique mis en place par Jacques Tardi, à valoriser son style personnel.
Le11 septembre 1946, Nestor Burma, le célèbre détective privé, patron de l’agence Fiat Lux, se rend à Cannes, non pas pour se dorer la pilule au soleil de cette fin d’été, mais à la demande de Pierre de Falbrègues, qui vient de l’embaucher afin de le protéger.Lorsqu’il arrive devant la propriété de son employeur, Burma tombe sur le commissaire Ange Pellegrini, qui lui annonce le suicide de celui-ci. Chez le notaire, un chèque, libellé à son nom et d’une valeur de 5 000 francs l’attend, pour le dérangement. Notre détective, à qui on ne la fait pas, soupçonne un crime maquillé en suicide et décide de se lancer sur les traces du coupable.
Les suspects ne manquent pas, d’autant plus que l’homme possédait des faux billets qu’il dépensait au Casino : Jacqueline Andrieu, sa jeune et jolie maîtresse qu’il entretenait, Mado Poitevin dite Mado La Poisse, sa soi-disant meilleure amie, P’tit Frédo, un voyou venu de Paris tout juste sorti de taule, Robert, le frère du mort, Joseph, le serviteur zélé, Raymonde de Saint-Cerbin, une romancière droguée à la cocaïne et au passé trouble, Ronald Kree, le clergyman boiteux, mais aussi le bon docteur Marcel Cheval et sa mauvaise réputation…
Pour parvenir à faire le tri parmi ce beau monde, alors que les cadavres commencent à s’accumuler, Burma peut compter sur l’aide d’Henri Leclercq et d’André Milandre, deux anciens employés de l’agence Fiat Lux retirés à Cannes, et surtout sur sa fidèle Hélène, venue de Paris en renfort… Il faudra patienter jusqu’à la fin de ce polar bien ficelé pour que se dénoue l’intrigue, au suspense bien entretenu jusqu’aux dernières pages.
« L’Homme au sang bleu », troisième roman dont Nestor Burma est le héros, a été écrit en 1945 par Léo Malet aux éditions S.E.P.E. C’est l’un des rares récits où le privé quitte la capitale française. Initiée par Jacques Tardi dans (À suivre) en 1981, l’adaptation des romans de Léo Malet en bande dessinée s’est poursuivi alternativement, dès le sixième épisode, sous les crayons d’Emmanuel Moynot et de Nicolas Barral. C’est Emmanuel Moynot (né en 1960) qui signe le présent album, conservant l’univers graphique mis au point par Jacques Tardi sans pour autant abandonner son trait. Cette escapade du héros sur la Côte d’Azur lui permet de personnaliser les décors, tout en créant une riche galerie de personnages bien à lui. Ceux qui souhaitent savourer le travail du dessinateur en noir en blancs sont invités à se procurer les trois numéros du Journal présentant l’ensemble des planches originales de l’album éponyme au format tabloïd (3 € le numéro, c’est cadeau).
Henri FILIPPINI
« Nestor Burma T. 11 : L’Homme au sang bleu » par Emmanuel Moynot, d’après Léo Malet
Éditions Casterman (15 €) – ISBN : 9 782203 122161