Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Jamais » par Bruno Duhamel

Quand on voyage, c’est pour voir des choses, voir des gens. Quand on ne peut plus voir, il faut alors voyager dans sa tête, avec les images d’hier, les visages d’avant-hier et le monde extérieur bien balisé, immuable… C’est le cas de Madeleine, la vieille dame héroïne du dernier album de Duhamel, sauf qu’autour de cette femme de caractère, tout n’est pas immuable, loin de là…
Madeleine habite la Côte d’Albâtre, en Normandie, à Troumesnil : « sa plage, ses falaises, son grand marché aux poissons. » Ses falaises, parlons-en ! Elle habite dessus, Madeleine, et même on peut le dire, au bord ! Dans une jolie maison de bois, juchée sur un promontoire que d’aucuns ont dû croire immuable, précisément pour songer à y construire la bâtisse, simple, pimpante, avec un jardinet entouré d’une petite barrière, un « Sam’Suffit » comme beaucoup en rêvent en maison secondaire.
Mais voilà, réchauffement climatique oblige, montée des eaux, inondations, érosions et tout le tintouin, bref, les falaises ne sont pas si balaises que ça, elles s’effritent, elles s’effondrent, par cailloux, par rochers, par pans entiers ! Peu à peu, la maison de Madeleine se rapproche dangereusement du bord (bien que ce soit plutôt le bord qui se rapproche d’elle !). Autant dire que le maire s’alarme, essaie même de convaincre la mamie de quitter cet endroit chéri où elle a tout vécu, mais « la vieille s’accroche à sa maison comme une moule à son rocher » parce qu’il est chéri et qu’elle y a tout vécu. Logique !
Et pourquoi quitterait-elle son home sweet home puisqu’elle ne voit pas ce qui se trame à l’extérieur ? C’est là qu’elle a tout ses repères, tous ses souvenirs, cette vie avec Jules disparu en mer, ses fleurs qu’elle arrose sans les voir, son chat qu’elle nourrit comme s’il était Jules, ses promenades qu’elle peut faire les yeux fermés (ou ouverts, ce qui ne change rien !).… Fait-elle semblant de minimiser les choses, fait-elle semblant d’ignorer l’inéluctable ? Comment savoir : Madeleine est d’un caractère bien trempé dont il faut se méfier. Elle fera tout pour se protéger et maintenir sa liberté. Son combat ne fait que commencer, car Madeleine est une résistante ! Après tout, elle n’a que 95 ans…
Après « Le Retour » que nous avons chroniqué et salué ici-même, Bruno Duhamel confirme son talent de conteur et son intérêt pour des sujets d’actualité. Après de nombreux titres en collaboration, le scénariste qu’il est devenu est à suivre dorénavant ,d’autant qu’il manie l’humour et le sérieux avec habileté, qu’il installe le pittoresque et le clin d’œil avec subtilité, dans un dessin ligne claire joliment séduisant.
Il ne faut jamais dire « jamais » !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Jamais » par Bruno Duhamel
Éditions Grand Angle (15, 90 €) – ISBN : 978-2-8189-4381-6