Revenant au dessin et aux fondamentaux de ses débuts — à une époque où il privilégiait la gaudriole, le grand guignol et la liberté graphique, ce qui était notamment le cas dans le recueil intitulé « Nocturnes » —, Régis Loisel nous gratifie d’un étonnant et magnifique album, de très belle facture, aux éditions Rue de Sèvres : « La Dernière Maison juste avant la forêt », avec l’aide scénaristique de son ami Jean-Blaise Djian. Une histoire foisonnante — de 160 pages — située dans un univers loufoque, délirant, aux limites du fantastique, mais qui est remplie de bons sentiments, et où l’on retrouve tout l’amour pour l’humanité du cocréateur de « La Quête de l’oiseau du temps » ou de « Magasin général » !
Lire la suite...« Bouts d’ficelles » par Olivier Pont
Thibault, jeune homme timide et un peu enveloppé, croise le regard d’une jolie blonde dans le métro. Rencontre après rencontre, ce personnage lambda va tomber de Charybde en Scylla : son absurde nuit de cauchemars se révélant, pour le lecteur, être une savoureuse histoire rocambolesque que le talentueux auteur du diptyque « Où le regard ne porte pas » (1) a totalement improvisée, à la manière d’un « cadavre exquis réalisé en solo ».
C’est ainsi que, dans sa postface explicative sur la genèse de l’album, Olivier Pont définit cette suite de petits événements inattendus, lesquels se déroulent dans un laps de temps assez court.
On sent qu’avec ce procédé, où il s’appuie sur la célèbre comptine « Trois petits chats » qui lui sert de fil conducteur, ce dessinateur, qui a aussi travaillé comme animateur pour les studios Universal (« Fievel au Far West », « Les Quatre dinosaures »…), retrouve une certaine spontanéité, en voyant son scénario évoluer en temps réel : « Un peu à la manière des dessinateurs qui, pour répondre aux demandes des hebdomadaires, racontaient autrefois à raison d’une page par semaine une histoire dont ils ne savaient pas toujours où elle les conduirait la semaine suivante. »
Ce malicieux exercice de style influence, évidemment, la narration (très fluide) et le trait (proche du cartoon) de ce créateur fort bien inspiré, puisqu’il réussit, sans ambages, à rendre l’ensemble cohérent. En effet, chaque séquence s’emboîte parfaitement, et ceci jusqu’à la fin de ces 122 pages aux ambiances différentes — et très bien enluminées par Laurence Croix, coloriste qui joue avec habileté avec plusieurs gammes de teintes — que compte ce bel album que l’on ne peut s’empêcher de lire d’une traite.
(1) Voir : Où le regard ne porte pas T1.
« Bouts d’ficelles » par Olivier Pont
Éditions Dargaud (18 €) — ISBN 979-2205 — 07394-2













