Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Cigalon » par Éric Hübsch, Serge Scotto et Éric Stoffel, d’après Marcel Pagnol

Le label Grand Angle des éditions Bamboo poursuit l’adaptation en bandes dessinées de l’intégralité des grands classiques de l’œuvre de Marcel Pagnol. Après « La Gloire de mon père », « Le Château de ma mère », « Merlusse », « Jazz », « Topaze », « Le Schpountz » et « Jean de Florette », c’est au tour du savoureux « Cigalon » d’être publié dans cette collection qui sent bon le parfum épicé de la Provence et qui cartonne : « La Gloire de mon père » dépassant les 50 000 exemplaires.
Après avoir quitté Marseille où sa cuisine faisait merveille, Cigalon est devenu le propriétaire de l’unique restaurant champêtre situé au cœur d’un village pittoresque. Cuisinier de renom ayant une haute estime pour son art, il refuse de passer aux fourneaux au grand désespoir des clients de passage qui repartent le ventre vide. Seule, sa soeur Sidonie qui vit à ses côtés peut savourer sa spécialité : les pieds et paquets à la mode provençale. L’arrivée de la sympathique Toffi, ancienne blanchisseuse débarquant de Marseille, rend le grand chef furieux : elle souhaite ouvrir un restaurant qui, lui, ne refusera pas de servir ses clients. Un conflit sans solution oppose les chefs des deux établissements, avec pour point d’orgue l’arrivée d’un mauvais garçon qui rêve de se retrouver en prison afin de fuir la vengeance de ses créanciers.
Écrit par Marcel Pagnol en 1935, ce récit truculent aux personnages hauts en couleur et destiné à un film devait permettre à Pagnol réalisateur de tester un nouveau procédé d’enregistrement sonore. Interprété par Arnaudy et Poupon, deux fameux acteurs marseillais de l’entre-deux-guerres, ce long métrage sera tourné deux fois pour cause de matériel défaillant. Au grand désespoir du réalisateur, il fera un flop. Une version destinée au théâtre connaîtra cependant le succès et continue à être jouée par des troupes de comédiens amateurs. « Cigalon » fera également l’objet d’une version télévisée en 1975, réalisée par Georges Folgoas, avec Michel Galabru, Roger Garel, Marco Perrin et Andréa Ferréol et qui remportera un grand succès auprès des téléspectateurs.
Cette adaptation pour la bande dessinée est signée Serge Scotto, fils du fameux compositeur et ami fidèle de Pagnol, et Éric Stoffel, né en 1962 à Marseille, une garantie pour la pratique de la savoureuse langue méridionale. Les dessins pleins de vie d’Éric Hübsch, dejà signataire graphique du diptyque consacré à « Topaze », respirent le soleil et la bonne humeur. Dessinateur du « Chant d’Exalibur » fameuse série d’heroic-fantasy écrite par Arleston, Éric Hübsch se révèle tout aussi épatant dans la mise en images de l’univers provençal cher à Marcel Pagnol.
Sans être la découverte de la rentrée, cet album de 64 pages à la présentation soignée permettra d’aborder septembre d’un bon pied, en savourant les dernières senteurs du Sud.
Henri FILIPPINI
« Cigalon » par Éric Hübsch, Serge Scotto et Éric Stoffel d’après Marcel Pagnol
Grand Angle (16,90 €) – ISBN : 978 2 81894 675 6