Après le succès de ses très réussis « Shangri-La » et « Carbone & Silicium » — où il explorait les théories des paradoxes temporels, puis les conséquences des progrès technologiques sur la détérioration de l’homme —, Mathieu Bablet (1) aborde le récit postapocalyptique dans sa nouvelle grande fresque de science-fiction proposée dans le Label 619 désormais hébergé par les éditions Rue de Sèvres. Dans un lointain futur, les insectes pollinisateurs ont disparu à la suite de bouleversements climatiques… et la Terre est devenue aride et stérile. Une biologiste a pour mission de retrouver les traces génétiques des abeilles, dans l’espoir de revenir au monde d’avant. Une fable écologique et initiatique, aussi complexe qu’envoûtante, qui nous donne furieusement envie d’aller de l’avant !
Lire la suite...« Les Passagers du vent — Le Sang des cerises T1 : Rue de l’Abreuvoir » par François Bourgeon

Avec l’évocation du parcours de Zabo (arrière-petite-fille d’Isa, l’héroïne des routes océanes du premier cycle des « Passagers du vent »), appelée désormais Clara, François Bourgeon nous raconte, aujourd’hui, cette révolution ratée que fut la Commune de Paris.
Tissant de nombreux liens, au fil des différents albums constituant cette formidable fresque historique sur les traites négrières qui ont assuré l’enrichissement des Amériques et des Antilles, du XVIIIe siècle à la guerre de Sécession, l’ancien diplômé maître-verrier devenu maître en bande dessinée ranime, dans ce nouveau diptyque, notre mémoire sur l’un des épisodes les plus fascinants et les plus tragiques de la société et de la politique française.
Situant son intrigue dans un Montmartre parfaitement reconstitué, en 1885, cinq ans après l’amnistie des communards et le retour des exilés (1), ce minutieux créateur de mondes très différents (qui sait traiter, avec autant de brio, le Moyen Âge des « Compagnons du crépuscule » ou la science-fiction du « Cycle de Cyann ») se base sur des faits très précis, qui se sont réellement passés, pour tresser, comme à son habitude, le destin de femmes exceptionnelles, dont celui d’une nouvelle venue dans ce huitième opus : Klervi, petite bonne bretonne venue chercher du travail à Paris.Ayant relancé le feuilleton maritime en bande dessinée avec un évident et salutaire propos aussi féministe qu’humaniste, François Bourgeon a su, également, faire œuvre de véritable historien avec ses superbes bandes dessinées : son trait sensuel et ses couleurs aquarellées se mariant à merveille à sa technique narrative totalement maîtrisée, digne héritière d’une certaine tradition littéraire romanesque.
Si son apport au 9e art semble évident à ses nombreux admirateurs (les cinq premiers tomes des « Passagers du vent » se sont vendus à plus d’un million d’exemplaires), il est étonnant de constater que cet auteur hors du commun n’a pourtant jamais été nominé, officiellement, pour le grand Prix d’Angoulême. Peut-être trop classique aux goûts de certains ? Trop littéraire ? Trop documenté ? Trop rare sur la scène éditoriale ?
Qu’importe ! François Bourgeon se moque de la postérité ! Son succès lui permet de passer le temps qu’il veut sur son travail pour nous transmettre, ainsi, à son propre rythme, le meilleur de son art enchanteur ou de ses recherches érudites : et ce nouvel album ne déroge pas à la règle !
Gilles RATIER
(1) Notre collaborateur Philippe Tomblaine a consacré un article très instructif sur la prépublication de ce récit en gazette (et en noir et blanc), s’attardant plus particulièrement sur l’intrigue et sa mise en contexte historique, voir : « Les Passagers du vent T8 : Le Sang des cerises livre 1, Rue de l’abreuvoir » par François Bourgeon.
« Les Passagers du vent — Le Sang des cerises T1 : Rue de l’Abreuvoir » par François Bourgeon