Un premier voyage dans les Terres australes et antarctiques françaises — retranscrit dans le très bel ouvrage « Voyages aux îles de la Désolation » — n’a pas rassasié le dessinateur Emmanuel Lepage (1) : 12 ans après, en 2022, il embarque à nouveau pour les îles Kerguelen. N’ayant pas pu, lors de sa première excursion, vivre au plus près le quotidien de tous ceux qui travaillent sur cet archipel au relief montagneux d’origine volcanique, situé au sud de l’océan Indien, il y reste cette fois-ci deux mois et demi : s’attachant donc plus aux personnes qui partent avec lui, tout en montrant les changements déjà à l’œuvre sur la nature, en raison du réchauffement climatique. Du beau, écologique et humaniste, voire quasiment poétique, récit de voyage en BD !
Lire la suite...« Babybox » par Jung
							Ce n’est pas tout de savoir où l’on va quand on voyage, il faut aussi savoir d’où l’on vient et, paradoxalement, il est des personnages qui, pour savoir d’où ils viennent, y vont, précisément ! C’est le cas de l’héroïne de cet album tout entier porté sur nos ascendances qu’on croit évidentes et certaines qui ne le sont pas toujours, avec à la clé un récit intime et touchant…
Alors qu’elle était toute petite, la mère de Claire lui a dit qu’un jour elle lui révèlerait quelque chose d’important mais un accident de voiture va priver la jeune fille de cet aveu toujours repoussé et qui n’arrivera donc jamais. D’origine coréenne, et alors qu’elle a tout pour être heureuse, Claire porte péniblement ce secret. La mort de sa mère et le coma de son père la condamnent encore davantage à ce mal-être.
En recherchant des pièces nécessaires à l’administration, Claire trouve dans la chambre parentale un document sur sa naissance et découvre qu’elle est une enfant adoptée. Dès lors, aller en Corée du Sud pour en savoir plus long, savoir qui elle est vraiment, devient une nécessité vitale. Pour elle et son jeune frère Julien, c’est  l’occasion d’un voyage à Séoul, de la ville hypermoderne aux quartiers traditionnels.
Accueillie par une tante, Claire trouve des explications à ce qui la définit : son goût pour la cuisine asiatique, sa passion pour la couleur rouge… Son enquête familiale lui fait aussi découvrir l’utilisation si particulière de la boite à bébé, la « babybox » dont on ne dira rien de plus pour laisser au lecteur le soin de découvrir ce que cela signifie.
Raconté à la première personne, cette histoire est d’abord un récit très souvent illustré en noir et blanc où le rouge intervient régulièrement comme une obsession, un traumatisme. Le blanc domine également car les cases sont souvent sans décors, mais Jung sait aussi nous faire profiter ici et là de vues détaillées de rues bardées d’enseignes et de fils électriques  ou de temples sereins.
L’auteur s’est toujours intéressé aux origines familiales puisque « Couleur de peau : miel », précédente série constituée à l’origine de trois albums parus chez le même éditeur, constituait déjà une autobiographie en BD où il relatait son expérience d’enfant coréen adopté par une famille européenne. Jung proposera même un quatrième titre, en 2016, à partir de son voyage dans son pays natal à 40 ans passés, un voyage émouvant, géographique mais aussi intérieur qu’il concluait ainsi : « Vive la mixité et la diversité ». « Couleur de peau : miel » fut également adapté au cinéma sous forme de dessin animé par Laurent Boileau.
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Babybox » par Jung
Éditions Noctambule (18,95 €) – ISBN : 978-2-3020-7118-6











