Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« # Nouveau Contact » : une très drôle critique sociale, bien vue, sur fond de réseaux sociaux…

Dans un petit village perdu des Highlands, un photographe devenu has been et un tantinet misanthrope par la force des choses, va faire LA photo qui va affoler les réseaux sociaux et attirer l’attention de tous les médias : les réactions de tout un chacun (amis, voisins, commerçants, habitants de planète entière…) vont alors s’enchaîner à un rythme démentiel…
Devant la maison isolée de Douglas Mc Murdock, au bord du lac de Castle Loch, surgit un monstre marin : une sorte de sosie translucide du monstre du Loch Ness. L’ayant pris en photo par réflexe, l’artiste, qui veut pourtant faire de la photo sans être soumis au regard des autres, décide, par bravade, de partager sa découverte sur le réseau Twister, où il n’a « rien posté depuis 17 mois » et où il ne lui reste plus que « 3 fans qui ont oublié de se désabonner ».
Après une bonne nuit de sommeil sous anxiolytiques, il se rend compte, le lendemain matin, que 150 237 personnes ont réagi à sa publication, suscitant 348 069 partages du contenu. Commence alors un processus infernal qui le dépasse très vite, car les médias s’emparent du sujet et le harcèlent : tout devient surinterprétation, tout le monde a un avis sur tout, et tout va à vau-l’eau…
La thématique de la dérive des désormais omniprésents et parfois dévastateurs réseaux sociaux est une bonne idée et Bruno Duhamel la traite de façon fort drôle et sensible sur 64 pages aussi exigeantes sur le fond que dans la forme : « C’est une sorte de coup de gueule généralisé envers une société qui ne nuance plus ses propos. Une société du paraître qui, même si la cause est belle, en bafoue l’essence pour servir du “moi je”. ». En effet, cet auteur possède vraiment un ton bien à lui, mis en valeur par un scénario très fluide et un dessin efficace, entre réalisme et gros nez.
Notons que, après la démonstration de son talent sur diverses collaborations avec différents scénaristes (dont celle, remarquée, avec Kris sur « Les Brigades du temps » dans Spirou et chez Dupuis), et depuis son passage chez Bamboo (sous le label Grand Angle), Bruno Duhamel a réussi à se recentrer sur de passionnants projets plus personnels : comme « Le Retour » en 2017, « Jamais » en 2018 et cet excellent et récent « # Nouveau Contact ».
« # Nouveau Contact » par Bruno Duhamel