Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
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L’Américain Lance Willer est l’auteur de deux romans : « Les Marches de l’Amérique » et « Wilderness », un récit remarqué, retenu notamment pour le Prix Médicis étranger, qu’Ozanam et Bandini décident d’adapter. Un pari difficile, car il s’agit d’évoquer un homme solitaire, vivant en reclus dans une baraque au fond des bois et au bord du Pacifique, à la fin du XIXe siècle.
La vie d’Abel Truman a été lourdement marquée par plusieurs tragédies. C’est d’abord un vétéran de la guerre de Sécession profondément troublé par ces événements qu’il a vécus 30 ans plus tôt. Il a perdu par la suite sa femme et sa fille. Perdu, désabusé, il s’est finalement isolé avec son chien. Sentant probablement sa mort venir, il trouve l’énergie d’un ultime voyage pour revenir sur les lieux de ces épisodes dramatiques. Au fil de son parcours, tout remonte à sa mémoire.
Ces souvenirs traités en noir et blanc ou grisés s’intercalent, s’imposent, fragmentent le récit. Ce qui pourrait n’être qu’une suite d’épisodes douloureux se double de nouveaux moments difficiles, notamment sa confrontation avec deux hommes qui le laissent pour mort et lui volent son chien. Comme Abel Truman est quelque part un guerrier, un sauvage, que rien n’arrête, surtout pas l’humiliation, il ne se laisse pas faire. Il faut dire qu’il en a vu d’autres et qu’il a dans le cœur la terrible bataille de Gettysburg, meurtrière s’il en est, puis celle de Wilderness.
Dans les pas de ce héros solitaire, les auteurs ont choisi, plutôt que de le faire penser, de le montrer dans ses silences, dans ses errances, dans ses confrontations avec la nature et les éléments. Il parle tout de même à son chien, lui raconte sa vie, des fragments, des instants, un puzzle qui peu à peu le dessine.
À propos de dessin, Bandini prend le parti d’un trait « rapide », approfondissant ici un portrait, esquissant là un décor. Il joue cependant avec un énorme talent sur les couleurs. Les scènes maritimes ou certains décors forestiers sont remarquables. On regrette qu’il n’y en ait pas davantage. En tout cas, les amateurs de grands espaces trouveront dans ce récit la sauvagerie du nord-ouest américain et l’humanité d’un homme que la vie n’a pas épargné.
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Wilderness » par Bandini, Lance Willer et Ozanam
Éditions Soleil (19, 99 € – EAN : 9782302072640