Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« L’École buissonnière » : passer le baccalauréat en juin 1943…

Les bandes dessinées racontant les hauts faits de la Résistance face à l’occupant allemand ne manquent pas. Le plus souvent, elles évoquent des actions toutes plus héroïques les unes que les autres. Avec cette fiction bouleversante, dont les héros sont de jeunes gens ordinaires, Patrick Ordas rend hommage à son père : rassemblant les anecdotes entendues au fil de conversations. C’est aussi son dernier scénario, écrit avant sa disparition…
Paris, décembre 1943. L’Allemagne perd pied sur tous les fronts, mais l’occupant redouble de cruauté envers la population. C’est après avoir ramassé le livret scolaire d’un copain, jeté à terre lors d’un contrôle, que Jacques Mancel est désormais repéré par la police. Élève timide, mais brillant, dont le père a été tué sur la Loire en 1940, il se voit contraint de fuir Paris, aidé par ses amis François d’Orlac et Jean Lorrain. Jean qui, pour tirer son amie Colette, cousine de François, des griffes d’un Allemand entreprenant, a poussé l’homme dans l’eau glacée du lac du bois de Boulogne.
Les quatre jeunes fuyards se retrouvent en Corrèze, sous la neige, embrigadés malgré eux dans le Maquis par un groupe de résistants. Loin de la capitale et de leurs problèmes de lycéens, les jeunes héros vont subir de terribles épreuves, la peur au ventre, et apprendre à devenir des hommes… Deux ans plus tard, en juin 1945, le jour de l’examen du baccalauréat, tous ne seront pas au rendez-vous…
Après la passionnante « Ambulance 13 », dont l’ambition était de faire vivre la Grande Guerre à travers le quotidien des ambulanciers, le duo Patrick Ordas et Alain Mounier nous revient, avec ce récit poignant aux protagonistes attachants. Patrick Ordas ne relate pas une histoire vraie, mais construit une fiction nourrie par les faits réels évoqués au fil des années par son père. « Avec cette nouvelle histoire, je veux tirer du néant ceux qui n’ont eu leur nom que sur les stèles des fusillés », conclue le scénariste dans un texte émouvant dédié à son père. Quatre adolescents comme les autres découvrent la bravoure, la trahison, la mort, l’amour au contact d’adultes pris eux aussi dans la tourmente.
Disparu le 9 décembre 2019, pendant la réalisation de cet ouvrage, Patrick Ordas (né en 1951) est venu à la bande dessinée en 2002, d’abord avec Patrick Cothias, puis seul. Ancien directeur de la Haute École de Joaillerie de Paris et romancier, il savait mêler fiction et grande Histoire, pour le plus grand plaisir de ses lecteurs.
Alain Mounier (né en 1958 à Aubenas) débute en 1977, dans Circus. Il alterne séries classiques (« Thomas le solitaire », « Dock 21 », « Le Décalogue », « Exit »…) et histoires érotiques qu’il signe du pseudonyme Ardem. De 2010 à 2018, il réalise les huit albums de la série « Ambulance 13 ». Son trait réaliste et original, qui ne doit rien à personne, ainsi que ses couleurs directes aux ambiances chaudes, sert avec efficacité un scénario ambitieux et documenté. En fin d’ouvrage, un cahier graphique propose des dessins d’Alain Mounier et des projets de couvertures suggérés par Laurent Hirn.
On peut aussi se procurer une édition toilée de 72 pages au tirage limité, avec une couverture différente, un cahier graphique et un ex-libris (EAN : 978 2 8189 8359 1, 19,90 €).
Henri FILIPPINI
« L’École buissonnière » par Alain Mounier et Patrick Ordas
Éditions Grand Angle (14,90 €) — EAN : 978 2 8189 7612 1