Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...Horreur boréale pour Bruno Brazil !

Port de Boston : dans un conteneur de pêche, un jeune homme est découvert mort parmi les poissons avec de curieuses écailles sur le corps. Le point de départ du bateau étant dans le Grand Nord canadien, Brazil est envoyé sur place pour enquêter. Il ne sera pas reçu à bras ouverts : l’accueil se révélant… glacial. La piste mène à un ancien orphelinat et surtout à un mystérieux docteur Moses, personnage aussi ambitieux et mégalomane que dangereux. Avec cet album autonome, dépaysant et très agréable, la reprise par le duo Aymond-Bollée se maintient à un très bon niveau : que ce soit le dessin, impeccable, ou le scénario, palpitant. Comme souvent, le dessinateur nous permet de découvrir en avant-première ses encrages, crayonnés et études : un grand merci à lui.
À la suite du prologue portuaire et d’une scène mouvementée à la morgue de la ville, l’agence WSIO, la stupeur passée, recherche activement les traces du macchabée : en l’occurrence Thomas Randle, adopté et élevé à l’orphelinat.
Pendant que Whip (la femme handicapée) et Morales (dit le Gaucho) restent à l’agence pour continuer les recherches, Brazil et Tony le tatoué (dit le Nomade) débarquent à Eskimo Point — coin perdu où l’on croise parfois des ours blancs —, puis avancent en investigation avec le shérif et Andy : un jeune homme sourd-muet, traumatisé par un drame ancien.
Certains enfants auraient été des cobayes, fournis avec la complicité de l’orphelinat, pour les expériences hors normes de Moses.
Ce dernier croit avoir trouvé un moyen scientifique, par modification biologique et génétique, d’augmenter les capacités et résistances humaines.
Brazil et ses compagnons montent alors une expédition vers sa base secrète pour tenter d’arrêter ce savant fou…
Depuis fin 2019, les lecteurs ont retrouvé avec surprise et plaisir Bruno Brazil dans de « Nouvelles Aventures », animées par l’excellent duo déjà responsable de la série « ApocalypseMania ». Une reprise très réussie, si l’on se fie aux réactions des lecteurs, qui ont notamment apprécié que l’univers reste dans les années 1970.
Après le superbe diptyque des T1 et T2, ce T3 (une histoire complète) ne déçoit pas, conjuguant la même exigence graphique et un scénario intégrant coups tordus, futurs maîtres du monde et science déviante. S’y ajoute la dimension psychologique, incluant tour à tour le passé de la jeune victime, ainsi que les débuts de Moses.
Ici, les auteurs changent totalement d’univers, au profit de grands espaces presque vides, de fin du monde… Un thème parfaitement contemporain, déjà vraisemblable même il y a 40 ans. Un résultat à la hauteur de « Lady S » pour le dessinateur, lequel continuera cette dernière série dans la foulée, en y ajoutant un projet plus personnel. Il est doncprobable que les albums de « Brazil » deviendront plus espacés, malgré la productivité d’Aymond. Profitons-en donc.
« Bruno Brazil T3 : Terreur boréale à Eskimo Point » par Philippe Aymond et Laurent-Frédéric Bollée
Éditions du Lombard (15,45 €) — EAN : 978-2-8082-0576-4