Un premier voyage dans les Terres australes et antarctiques françaises — retranscrit dans le très bel ouvrage « Voyages aux îles de la Désolation » — n’a pas rassasié le dessinateur Emmanuel Lepage (1) : 12 ans après, en 2022, il embarque à nouveau pour les îles Kerguelen. N’ayant pas pu, lors de sa première excursion, vivre au plus près le quotidien de tous ceux qui travaillent sur cet archipel au relief montagneux d’origine volcanique, situé au sud de l’océan Indien, il y reste cette fois-ci deux mois et demi : s’attachant donc plus aux personnes qui partent avec lui, tout en montrant les changements déjà à l’œuvre sur la nature, en raison du réchauffement climatique. Du beau, écologique et humaniste, voire quasiment poétique, récit de voyage en BD !
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Tout au long de cette autobiographie chaleureuse, le dessinateur italien se dévoile avec une simplicité et une sincérité qui n’appartiennent qu’aux modestes, mais qui connaissent leur valeur. On y croise le meilleur de la bande dessinée italienne, à commencer par Hugo Pratt — son ami et son « Maestro » — : ainsi que tant d’autres personnalités qui ont croisé sa route d’éternel nomade aux quatre coins du globe. Un ouvrage émouvant et passionnant, indispensable complément à la luxueuse monographie « Sublimer le réel » (publiée en 2019 aux éditions Glénat), qui évoque par l’image toutes les facettes de son œuvre.

Né en 1945, dans les Dolomites, et quatrième enfant d’une fratrie qui en compte six, Milo Manara est le fils d’un secrétaire de mairie et d’une institutrice.
Les fumetti, peu appréciés à l’époque par les enseignants, sont absents de la maison où l’enfant solitaire dévore les romans de Salgari, Kipling, Dickens… dans l’imposante bibliothèque familiale.
Au fil de courts chapitres, il évoque les vendangeuses plantureuses, les touristes suédoises… mais aussi son goût, dès son plus jeune âge, pour les matières littéraires et artistiques.
Apprenti chez un riche architecte, il découvre « Barbarella » de Jean-Claude Forest : un véritable coup de poing qui le persuade que son avenir, c’est la bande dessinée.
Il évoque ses premiers pas dans les fumetti érotiques — bien payés, contrairement à la légende —, ses premiers scénaristes (Alfredo Castelli, Pisu, Mino Milani), Louisa (sa femme depuis 50 ans), son ami l’éditeur Sergio Bonelli…
Puis sa première rencontre en 1969 au salon de Lucca avec celui qu’il a toujours appelé « Maître » : Hugo Pratt…Enfin, les véritables débuts d’une carrière qui explose en France, avec la publication du « Déclic » et son entrée dans (À suivre) avec « HP et Giuseppe Bergman ».
Cet ouvrage est une véritable mine pour qui souhaite revivre la grande époque de la « nouvelle BD » et croiser la route des éditeurs et auteurs qui en furent les artisans en Italie, mais aussi en France.
L’écriture de Milo Manara est chaleureuse, simple, sincère.
La vie d’un honnête homme qui ne cherche ni l’argent ni la gloire, seulement la possibilité de vivre sa passion pour le dessin en toute liberté : « Si l’homme le plus riche du monde me disait “Je t’offre tous mes biens, mais tu dois perdre ta capacité de dessiner”, je lui dirais non. Je lui dirais “Garde-la, ta richesse, parce que ma vie, c’est le dessin ; sans le dessin, je n’aurais pas de vie”. »
Ces propos, recueillis par Tito Faraci, traduits de l’italien par Hélène Dauniol-Renaud, ont été publiés en 2021 en Italie dans la collection Feltrinelli Comics.
L’édition française compte 228 pages, généreusement illustrées de documents en noir et blanc et en couleurs pour la plupart peu connus des lecteurs français.
« Manara grandeur nature » par Milo Manara
Éditions Glénat (25 €) EAN : 978-2-3440-5172-6


















