Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...Gentille fille, mais mauvais monstre : le début d’une belle série jeunesse…

Éloïse est à l’âge bête : à 14 ans en classe de 3e, elle attend sa puberté avec anxiété et impatience, car toutes ses camarades sont déjà passées par ce cap important vers l’âge adulte. Impossible de cacher cet état de fait, car toutes et tous reçoivent un petit être apparent auprès d’eux à ce moment-là : un monstre qui est une manifestation physique de l’âme de son propriétaire. Quand Éloïse reçoit enfin le sien : quelle déception, il est affreux, c’est un mauvais monstre. Mais est-ce que cela fait de l’adolescente une mauvaise fille ?
Dans une salle de classe du collège ordinaire d’une petite ville de moyenne montagne, se déroule un micro-drame d’une adolescence ordinaire. La jolie et populaire Célie est le centre de toutes les attentions. L’œuf de son monstre vient d’éclore et il est trop mignon : c’est une espèce de panda roux souriant. Elle se gonfle d’orgueil en recevant de nombreux compliments et se permet ainsi de narguer la solitaire Éloïse qui n’applaudit pas à son bonheur et qui n’as pas encore reçu son monstre. Elle est la dernière de la classe à ne pas être encore rentrée dans la puberté, ce qui la renfrogne encore davantage. Sur le chemin de son domicile avec son ami Victor, un camarade lui aussi peu populaire, le duo subit une tentative de racket par deux grands lycéens. Un journée noire à oublier pour Éloïse.
L’adolescente se réfugie dans sa chambre en snobant ses parents. Elle se jette sur son lit, se promettant de dormir les dix prochaines années, quand elle est interpellée par une voix inconnue.
Son monstre vient d’éclore et lui apparait enfin, mais quelle cruelle déception ; il n’est pas beau et même franchement épouvantable : grisâtre, en short, basket et cape glauque avec une petite couronne jaune ridicule.
Éloïse est horrifiée, après avoir essayé de le rejeter, elle doit s’en accommoder ; toutefois, elle le cache dans son sac-à-dos quand elle va au collège.
Elle entame derechef des recherches sur les mauvais monstres : ceux qui reflètent l’âme noire de leur propriétaire et qui disposent de pouvoirs paranormaux.
À défaut de comte Charles-Edouard (comme il le voudrait), Éloïse appelle son monstre Machin : c’est bien tout ce qu’il mérite, selon elle. Le pauvre, de bonne composition, se démène pourtant pour la satisfaire. Il peut faire léviter les objets et les personnes : ce qui est bien pratique pout se venger de la fière Célie ou pour protéger Victor de ses racketteurs. Mais un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Éloïse s’en rend vite compte et son regard sur ses camarades, sur Célie et sur Victor, change à la faveur d’une intrigue aux rebondissements surprenants.
« Mauvais Monstre » est la première bande dessinée d’Enzo Berkati en tant qu’auteur complet. Nous avions remarqué l’auteur de 23 ans sur quelques planches parues dans le magazine Spirou, mais nous avons été surpris par sa maitrise narrative et graphique tout au long de cet album de 80 pages qui annonce une belle et riche série.
En effet, il développe, dans cette comédie adolescente riche et atypique, des thématiques profondes avec humour et légèreté : l’importance du regard des autres sur le développement personnel, le rapport de tout à chacun à l’image, en quoi la puberté est un passage clef dans notre évolution vers l’âge adulte, sur la dynamique de groupe et les notions fragiles et changeantes de popularité ou de rejet, sur l’estime et l’acceptation de soi, mais aussi sur la parentalité ou la dualité de toute personne, quelque soit son âge.
N’en jetez plus, le lecteur qu’il soit collégien ou adulte aura de quoi se passionner pour les péripéties d’un récit d’initiation original et toujours d’une grande justesse psychologique.
Si « Mauvais Monstre » marque le début d’une série promise à un bel avenir, elle est aussi et surtout la première œuvre de la carrière d’un auteur talentueux que nous vous promettons de suivre sur BDZoom.com.
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Mauvais Monstre » T1 : par Enzo Berkati
Éditions Glénat (15,50 €) – EAN : 978-2-344-04968-6
Parution 4 janvier 2023