Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
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La narratrice Hai-Anh définit « Sõng » comme un récit familial, ce qu’il est clairement, mais pas seulement ! C’est le récit d’une mère, Linh, qui raconte à sa fille ce qu’elle a vécu de 1969 à 1975, alors qu’elle était adolescente et que les Américains faisait la guerre à son peuple du Vietnam : et cela change tout !
Le titre, « Sõng », n’a rien à voir avec le mot anglais qui veut chanson, puisqu’il s’agit ici d’un terme vietnamien signifiant « vivant » ou « en vie » : un mot qui caractérise bien, aux yeux de sa fille, l’existence de Linh qui a passé sept années exactement de sa jeunesse avec les maquisards.
Chapitre après chapitre, au fil d’entretiens avec sa mère, l’auteure retrace cette vie ; notamment ses retrouvailles avec son propre père, scénariste, qui réalisait avec un oncle cinéaste des films documentaires sur la vie quotidienne des maquisards. Cette drôle d’existence, Linh décide du jour au lendemain d’y participer, de s’y consacrer. Non seulement les révolutionnaires communistes l’initient à la résistance, mais également aux techniques cinématographiques ; à tel point que Linh deviendra par la suite une réalisatrice reconnue.
Entre confidences pittoresques et souvenirs plus douloureux, Hai-Anh découvre le passé complexe de cette mère atypique partie étudier plusieurs années en Russie : une artiste qui s’installera finalement en France, « obligeant » sa fille à grandir entre deux pays, à se construire entre deux cultures ; celle notamment de ce Vietnam où Hai-Anh décide finalement de s’installer en 2020, en plein COVID, et que restitue dans un graphisme très léger, très clair, la dessinatrice Pauline Guitton story-boardeuse dont c’est la première bande dessinée.
À noter que carte et glossaire complètent utilement le récit. Pour compléter, on lira d’ailleurs « 40 hommes et 12 fusils » de Marcelino Truong, paru tout récemment chez Denoël Graphic et consacré aux luttes indochinoises qui précèdent la période évoquée par Hai-Anh.
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Sõng » par Pauline Guitton et Hai-Anh
Éditions Ankama (24, 90 €) – EAN : 9791033516958
Parution 13 janvier 2023