Quel plaisir, après des années et des années de chroniques sur les nouvelles parutions concernant le 9e art, de continuer à découvrir des auteurs prometteurs qui, d’emblée, semblent vraiment maîtriser les codes narratifs et graphiques de la bande dessinée ! C’est d’autant plus méritoire quand il s’agit d’un premier album en ce domaine : ce qui est le cas de Pierre Alexandrine avec son « Amourante ». Ce dense ouvrage de 230 pages, édité chez Glénat, nous propose un voyage aussi palpitant qu’amusant à travers les époques et les lieux, en remettant en question notre obsession tout à fait compréhensible de plaire perpétuellement et de ne pas mourir…
Lire la suite...Le dénouement de la saga de Pelle : le conquérant de son destin…

Commencée en 2017 (avec « Snærgard »), cette saga scandinave située au XIIIe siècle s’achève avec ce tome 2 : « Nordlys ». Récemment converti au christianisme, le territoire reste lié aux croyances et pratiques de la religion germanique, à la magie des sorciers, aux légendes et sortilèges… Pelle Eiwindsen, un jeune homme de haute lignée, se rebelle contre le système en mutilant le sorcier Adriel, et fuit. Il s’allie au jeune Njál pour retrouver la sœur de ce dernier : Solveig, victime d’un sortilège qui l’a transformée en vieille femme. Tous ces jeunes gens ont de mortels ennemis : pour Pelle, son père Eiwind, cruel et intraitable ; pour Njál et Solveig, le seigneur Kjartan, lequel les a retenus prisonniers, ainsi que Pelle. Car Kjartan a besoin de Solveig pour briser la malédiction qui l’a rendu laid.
Malgré la complexité et les retours en arrière, en entrant dans cette saga, le lecteur entame un long et passionnant voyage… Njál est à la recherche de Pelle, ainsi que de Solveig. Mais Pelle est inconscient, victime d’un sortilège. En allant trouver Eiwind, le père du jeune homme, dans son château, Njál espère son aide pour retrouver Pelle. Il lui raconte toutes les péripéties qu’ils ont affrontées, avec Solveig et un jeune pêcheur (Ailo), pour secourir Pelle et le ramener à la conscience. Et que les dieux, invoqués par une magicienne, posent une condition pour le délivrer : que Pelle tue le sorcier Adriel et brise ainsi le sortilège. Avec de tels dieux, pas besoin de diables !
Pelle, revenu à la vie, le petit groupe peut repartir dans sa quête, semée d’embûches et de sanglantes batailles. D’autant plus que les dieux, fourbes, offrent à Adriel le moyen d’échapper à Pelle.
De son côté, Njál est en mauvaise posture face à Eiwind : celui-ci ne croit pas à son histoire et le condamne à mort. Il ne sera sauvé que sur intervention d’un grand loup blanc, probablement celui qu’il avait délivré d’un piège. Njál — devenu libre après ce miracle — n’est plus le prisonnier d’Eiwind, lequel change ses plans et s’apprête à attaquer Kjartan. Pelle, bien que toujours prisonnier de Kjartan, prendra part à la bataille finale…
Ce diptyque a le mérite de nous faire redécouvrir ce monde scandinave ancien que nous connaissons mal. Vincent Wagner a effectué des recherches poussées — il l’expliquait dans le dossier du tome 1 — pour faire revivre les sagas nordiques. Il y met la sincérité d’un artisan, avec un trait réaliste, mais simplifié, épuré et comme jeté, pour aller à l’essentiel. Les couleurs, franches, aux ambiances mystérieuses — évoluant selon la progression de l’histoire —, participent de cette magie. En quelques traits, le dessinateur-scénariste fait ressentir les ressorts des personnages, toujours très justement campés. Une réussite pour une histoire forte, cruelle et terriblement humaine.
« Nordlys » par Vincent Wagner
Éditions Mosquito (20 €) — ISBN : 9-782-493-34341-3