Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Deuxième Bureau » : une femme de l’ombre…

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les bandes dessinées évoquant les combats entre espions alliés et allemands sont légion. La plupart des grands héros se sont frottés aux hommes de l’ombre : de Buck Danny à Blake et Mortimer. Chacma et Brice Goepfert en proposent une version originale, à travers le personnage de Maryse Maréchal : à la fois aviatrice chevronnée, membre du Deuxième Bureau français et agents double au service de l’ennemi. Un diptyque passionnant, où grande histoire et fiction se mêlent comme les amateurs de bandes dessinées classiques l’apprécient.
7 mars 1936 : l’avion de Maryse Maréchal survole — avec ses clients — les fortifications de la ligne de défense du ministre Maginot, lorsqu’un Heinkel allemand équipé de mitrailleuses survient, observé depuis le sol par les soldats de la Wehrmacht. Un acte de guerre que l’ancienne pilote d’essai, devenue membre du Deuxième Bureau — sous couverture de pilote pour touristes —, signale au lieutenant Joseph Doudot. Envoyée à Paris, elle est chargée par le capitaine Paillole de récupérer l’invention du professeur Arnoux : un scientifique français créateur du magnétron — l’ancêtre révolutionnaire de nos radars —, convoité par les Allemands.
Ce qu’ignorent ses employeurs, c’est que la jeune femme est une agente double, qui travaille aussi pour l’ennemi au sein du SD : les services secrets d’Hitler. Maryse est en effet victime d’un odieux chantage de la part des Allemands, lesquels détiennent en otage à Berlin son jeune fils Michel. Le magnétron est récupéré avec l’aide d’Abby : une blonde agente britannique. Souhaitant respecter la volonté du savant, les deux alliées gagnent Londres.
Mais Maryse, qui vient de recevoir deux doigts coupés et des cheveux de son fils, est face à un cruel dilemme : donner le magnétron à ses maîtres chanteurs, afin de sauver Michel,ou remettre cette arme décisive au Deuxième Bureau pour la défense de son pays. Sa trahison découverte par Abby, les deux amies décident de partir pour Berlin, où se préparent les Jeux olympiques, afin de retrouver Michel.
Documenté, riche en anecdotes, le scénario de Chacma évoque avec précision cette année 1936, décisive pour la gestation du second conflit mondial. Les personnages fictifs sont crédibles, les dialogues non dénués d’humour. Les dessins méticuleux de Brice Goepfert entraînent le lecteur au cœur de l’action : engins, décors, costumes sont dessinés avec une précision remarquable. Aux 54 pages de la bande dessinée, s’ajoute « Secret défense » : un passionnant dossier historique de huit pages où Chacma évoque les événements importants ayant marqué le premier semestre de l’année 1936. Vivement la parution du second volet de cette fresque où se mêlent histoire, aventure et espionnage !
Né le 27 décembre 1976 en Belgique, Charles-Louis Detournay — après avoir étudié à l’École polytechnique — effectue divers métiers « sérieux ». Passionné depuis toujours par la bande dessinée, il écrit pour le site ActuaBD, dont il devient rédacteur en chef en 2012. Depuis 2019, sous le pseudonyme de Chacma, il collabore avec les BéKa chez Bamboo sur les séries « Studio danse », « Les Rugbymen », « Champignac »… Il est coscénariste — avec les mêmes BéKa — pour Julien Mariolle, sur la série « Science infuse ». Après la publication en mai 2024 de « MP-Police Militaire », avec Marko et Holgado, au Lombard (voir : « MP : police militaire » : une Seconde Guerre mondiale très assassine !), il écrit « Deuxième Bureau » pour Brice Goepfert.
Brice Goepfert — né en 1956 à La Garenne-Colombes — publie, en 1978, « Paris-Dakar » aux éditions Twin Cam, puis, sous le pseudonyme de Brice Toll, collabore au magazine Télé junior où il adapte en BD des dessins animés : « Scoubidou », « Capitaine Caverne », « Mightor »… Il travaille pour les collections Les Grandes Batailles de l’histoire,Histoire des provinces de France ou La Révolution française, pour Larousse et Atlas. De 1985 à 1995, il abandonne la bande dessinée pour la publicité. Parmi des centaines de campagnes, il dessine les vignettes de deux saisons de la collection Malabar. Retour à la bande dessinée, aux éditions Glénat, en 1995, avec « Le Fou du Roy » de Patrick Cothias ; la reprise, en 2005, des « Chemins de Malefosse » avec Daniel Bardet ; « Le Lys noir », dont il écrit le scénario, en 2000 ; « Ella Mahé », avec Maryse et Jean-François Charles ; « L’Ultime Chimère », avec Laurent-Frédéric Bollée, et enfin trois albums pour la collection Vinifera, avec Éric Corbeyran. Son trait réaliste, précis et fouillé —inspiré par la ligne claire —, fait merveille dans les séries réalistes historiques.
« Deuxième Bureau T1 : Le Magnétron » par Brice Goepfert et Chacma
Éditions Kennes (16,95 €) — ISBN : 078-2-3807-5863-4
Parution 5 juin 2024
Très bon album, avec contexte historique très bien rendu. L’espionnage épice l’ensemble. Une réussite; on attend la suite.