Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...Histoires courtes et brumeuses ?

Manifestement, Briac n’arrive pas à quitter Brest ! « Quitter Brest », c’était précisément le titre d’un album publié, il y a une dizaine d’années, dont ce nouveau volume intitulé « Brumes » reprend en partie les pages, complétées de planches nées dans la revue (brestoise !) Casier(s) ; avec, en prime, des illustrations inédites. Une très belle occasion de retrouver l’auteur et son univers « brumeux », peut-être ; fascinant, assurément…
Outre la nouvelle « Pari Brest », signée Yvon Coquil, illustrée par Briac, déclinant le monde de l’arsenal, ses bars, ses poivrots, sa misère, ce sont bel et bien des bandes dessinées qu’on peut savourer, des récits peu bavards, un brin énigmatiques, comme ce « Vent d’est » où, en 1966, Henri Fautras, conférencier, revient par nécessité dans la ville de sa jeunesse et la retrouve sans joie, mais pas au point d’avoir oublié l’« ensorceleuse » Lydia Oswald : une espionne à la solde des Allemands.
Autre histoire touchante, celle de Marlene et Greta, évocation de deux femmes cinéphiles qui n’aimaient pas les mêmes actrices : un récit muet sur le temps qui passe et les passions fugaces. Le monde du cinéma, on le retrouve dans « Gabineries » où Mona et Gabin se côtoient, étrangement et dans les illustrations de « Brumes de cinoche ».
Briac, c’est ainsi la mise en scène d’individus en rupture, en perdition, comme dans « Looking for Brian », le récit de ce musicien américain fasciné par Brian Wilson et les Beach Boys ; mais de Venice Beach à Brest, il y a un gouffre que la musique tente vainement de remplir ! Retrouver le goût du spectacle d’antan, c’est aussi le rêve d’une trapéziste dont le père est un drôle de clown…
Briac, c’est surtout des couleurs – souvent brumeuses, il est vrai – des univers sépia, comme désensoleillés, des univers teintés de tristesse et de nostalgie, pesant sous le poids du temps qui passe et des gens qui trépassent, des univers picturaux dont nous avions évoqué, ici-même – dans notre chronique sur « Meridien » – la force et la diversité, le goût de l’estompe et celui de l’estampe.
Didier QUELLA-GUYOT
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« Brumes » par Briac
Éditions Locus Solus (20 €) – EAN : 9782368335222
Parution 27 septembre 2024