Les chutes de vélo n’ont pas que des conséquences négatives pour la pré-adolescente Betsy. Si elle perd connaissance après avoir heurté un vieux chien, en se réveillant, elle dispose d’un pouvoir dont beaucoup rêve de disposer : celui de comprendre et de pouvoir discuter avec les animaux. Si un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, celles-ci ne font pas peur à la courageuse Betsy.
Lire la suite...La jeune Betsy entend ce qu’ont à dire les animaux pour mieux appréhender les travers de notre société…

Les chutes de vélo n’ont pas que des conséquences négatives pour la pré-adolescente Betsy. Si elle perd connaissance après avoir heurté un vieux chien, en se réveillant, elle dispose d’un pouvoir dont beaucoup rêve de disposer : celui de comprendre et de pouvoir discuter avec les animaux. Si un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, celles-ci ne font pas peur à la courageuse Betsy.
Il n’est pas toujours facile d’avoir 11 ans quand on est la fille unique de parents psychorigides. Ainsi, pour la petite Betsy, pas possible d’avoir du soda, un chien ou des vêtements à la mode, car ses parents divisent toutes choses en trois catégories : inutile, nécessaire et totalement indispensable et, pour eux, ce que demande leur fille est évidemment superflu, donc inutile.
La petite fille ne peut pas jouer aux jeux vidéo chez elle et est moquée voire harcelée à l’école, notamment à cause de sa façon de s’habiller. Elle se considère comme la fille la plus bizarre de sa classe et désespère de se faire des amis… Jusqu’au jour où, perdue dans ses pensées, son vélo heurte un vieux chien. Elle tombe sur le trottoir inconsciente et croit percevoir, avant de sombrer dans un coma léger, les pensées de l’animal désolé de la situation.
Elle se réveille dans une chambre d’hôpital, sans séquelles apparentes. Mais, quand elle prend l’air à sa fenêtre au lieu du pépiement des oiseaux qui nichent dans les arbres en contrebas, elle entend et comprend leurs discussions. Le doute n’est plus permis quand elle retourne dans la maison familiale : dans la rue, elle discerne les pensées d’un teckel mécontent de sa petite taille et du nom que lui a attribué sa maîtresse : Pépette. Elle peut même dialoguer avec lui. Betsy dispose désormais du pouvoir de communiquer avec toutes les espèces animales.
Courageuse et bienveillante, elle veut désormais aider ses nouveaux amis à quatre pattes. Son premier combat est d’essayer d’améliorer la nourriture industrielle qui leur est proposée. Lutte difficile, voire perdu d’avance contre les groupes industriels qui font d’immenses profits en vendant des produits peu appréciés par les animaux de compagnie. Puis, à l’appel d’un gardien de zoo, elle se penche bien vite sur le mal-être des espèces gardées contre leur gré en captivité. Ne tenant pas compte de ceux qui se moquent d’elle, la généreuse Betsy mène à bien des combats qui lui tiennent à cœur.
« Betsy » est un conte moderne, bienveillant, drôle et tendre, qui interroge notre rapport aux animaux. En scénariste aguerri, le prolifique Stephen Desberg a construit un récit habile qui va crescendo : de la découverte du don de Betsy à son utilisation de plus en plus efficiente. Comme dans toute bonne bande dessinée jeunesse, celle-ci offre plusieurs niveaux de lecture. Au-delà de l’histoire teintée de fantastique de l’héroïne, le lecteur peut s’interroger sur des thématiques sérieuses : sur le consumérisme aveugle (dont le juteux marché des aliments pour animaux domestiques), sur le droit des animaux (notamment ceux enfermés loin de leur milieu naturel dans nos zoos) ou sur notre société dans laquelle ceux qui pensent différemment sont dénigrés et isolés.
Sur cet album, le scénariste de la série à succès « Scorpion » retrouve sa complice du diptyque « Écoline » : la Mexicaine Teresa Martinez. Son trait souple et ses couleurs pastel ajoutent une note de douceur à une histoire parfois cruelle. Les décors sont réalistes, les personnages très expressifs… que ce soient les humains ou toute une galerie d’animaux : du scorpion énervé à l’ours dépressif ou des chiens gourmands aux chats un peu prétentieux.
« Betsy » est une bande dessinée jeunesse agréable à lire, fraîche, mais engagée, gentiment fantastique et un peu didactique. Elle se termine par quatre pages pour comprendre les états d’âme et émotions de nos compagnons à quatre pattes, ainsi que quelques jeux à destination des plus jeunes lecteurs.
Laurent LESSOUS (L@bd)
« Betsy » par Teresa Martinez et Stephen Desberg
Éditions Delcourt (11,95 €) — EAN : 9782413083313
Parution 16 avril 2025