On le sait, l’Espagnol Josep Homs (1) est un dessinateur aussi original que talentueux : il nous l’a prouvé à maintes reprises, ne serait-ce qu’avec sa série « Shi » écrite par Zidrou, dont il prépare le sixième épisode, toujours chez Dargaud. Par ailleurs, avec cet étonnant et glaçant roman graphique de 100 pages qu’il met lui-même en couleurs (et quelles couleurs !) — où une jeune juive très indépendante peut voir et converser avec une incarnation du diable —, il devient, pour la première fois, son propre scénariste. Tout en ressuscitant le mythe du golem et en reprenant le thème philosophique du bien et du mal, il nous démontre que le manipulateur n’est pas toujours celui qu’on croit !
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La découverte, en 1994, du « Dernier Loup d’Oz » provoque une forte émotion, autant auprès de la critique que des lecteurs de cette fin de siècle. Beaucoup prédisent un bel avenir à cet auteur méticuleux, œuvrant dans le créneau alors prometteur de l’heroic fantasy. Hélas, les albums réalisés sous sa signature se comptent sur les doigts d’une main. Ce Breton passionné d’écologie nous a quittés le premier mai, à l’âge de 64 ans.
Dominique Legeard, originaire de Bretagne, est né le 12 mai 1961 à Saint-Brieuc.
Élève moyen, mais amateur de bandes dessinées, il publie ses premiers dessins dans le journal de son lycée.
Sa première page d’auteur professionnel paraît dans Métal hurlant, alors qu’il est âgé de 19 ans.
Sous l’alias de Lidwine, il collabore à partir de 1983 — aux côtés de Jean-Claude Fournier, Lucien Rollin, Gégé (Gérard Cousseau), Jean-Luc Hiettre, Michel Plessix, Alain Goutal, Bélom, Charly Boibien, Malo Louarn, Nono… — au mensuel bretonnant Frilouz.
Trois ans plus tard, aux éditions La Frite équatoriale (du nom du fanzine breton auquel il participe en 1985 et 1986), il propose « La Véritable Histoire de Conrad Deschamps inventeur du point final ».
Sur un scénario de Dany Saval (l’épouse de Michel Drucker), il réalise « Uluru », le deuxième tome des « Aventures de Zaza » aux éditions Michel Lafon en 1987, sous le pseudonyme de Dominique Lebreton…
Puis l’album « Huguenot » avec Gérard Delangle au scénario, aux éditions de la Butte aux cailles, en 1989.
En 1994, aux éditions Delcourt, il publie en tant qu’auteur complet « La Rumeur des eaux » : le prologue du « Dernier Loup d’Oz ». Ce début d’une série qui a fait saliver plus d’un lecteur n’aura — hélas ! — jamais de suite. L’album est pourtant remarqué par la critique et obtient plusieurs prix, promettant une belle carrière au jeune dessinateur.
Enthousiasmés par son travail, Régis Loisel et Serge Le Tendre lui proposent de dessiner le premier album du prequel de « La Quête de l’oiseau du temps » : « Avant la Quête ». Il faudra quatre ans pour enfin découvrir l’ouvrage — « L’Ami Javin » —, publié aux éditions Dargaud en 1998. Méfiants, les deux créateurs de la série culte décideront, par précaution, de confier l’album suivant à un autre dessinateur…
Après une participation de trois pages au premier tome de « Robin de Sherwood » par Marc Lizano et Denis Leroux (« Proscrit », en 2004 chez Carabas), il réalise, en 2006, un recueil de ses dessins de presse (« Où vont les hommes ») à la Boîte à bulles, où il signera aussi, en 2013, « Tout va de traviole ! », sous le pseudonyme de Marcel de la gare.
Il participe également à quelques ouvrages collectifs : « 2 000 ans d’histoire de la Bretagne » en 1983 chez I.D.P., « Les Belles Histoires d’Onc’ Renaud » en 1998 chez Delcourt, « Innuat : en quête de mémoires » en 2000 chez Paquet, « Paroles de poilus : lettres et carnets du front » en 2006 chez Soleil, « Mai 68 : le pavé de la bande dessinée » et « Paroles d’étoiles : mémoires d’enfants cachés, 1939-1945 »en 2008 chez Soleil, « Souvenirs de films » en 2009 aux éditions Le Lombard…
Puis, en 2010, Dominique Legeard oriente sa carrière vers l’écologie militante au sein de l’association Dessin’acteur.
Sa faible production le conduit — pour des raisons économiques — à offrir sa collaboration dans divers domaines artistiques : couvertures (dont les sept premières couvertures de l’adaptation en BD de la série de science-fiction « La Compagnie des glaces » de G.-J. Arnaud, chez Dargaud entre 2003 et 2005), affiches, publicités, vitrines de Noël, cartes postales, animations scolaires… et, même, illustrations de catéchisme.
Auteur méticuleux, proche de la maniaquerie, Lidwine laisse un goût d’inachevé : ses deux albums majeurspermettaient d’espérer une riche carrière dans la BD.
La rédaction de BDzoom.com présente ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches… Plus particulièrement notre rédacteur en chef (Gilles Ratier) qui, ayant assidûment fréquenté les premiers festivals Quai des bulles de Saint-Malo, a bien connu Dominique Lidwine, dès l’époque de La Frite équatoriale : d’après lui, c’était un homme aussi charmant, généreux et gentil que talentueux…
Henri FILIPPINI
Relecture, corrections, rajouts, compléments d’information et mise en pages : Gilles RATIER et Fred FABRE