Un road-movie très… western !

À sa sortie de prison, en 1970, Chuck ne pense qu’à récupérer son butin, qu’il a caché à Dry Creek : une ville fantôme du Colorado… Il y retourne avec sa complice et amante de l’époque : Kat. Là-bas, ils butent sur un vieux chercheur d’or. Ce dernier n’a pas volé leur trésor, mais leur apprend que deux individus les ont précédés : un grand blond et un Indien. Chuck va devoir retrouver leur trace, et l’affrontement sera inévitable. Avec Chuck et Kat, on voyage à travers les paysages américains éternels — comme figés — des westerns. De belles images, au service d’une intrigue forte,faite de chasse à l’homme, d’appât du gain et de trahison.

Chuck et Kat font la route en voiture du Wyoming vers le Colorado et le Nouveau-Mexique. Toujours amants, après les cinq ans de prison de Chuck, mais la méfiance s’est installée. À destination, dans la ville fantôme, Chuck ne trouve rien… Mais un vieux fou solitaire les met en joue, croyant qu’ils en veulent à son or : il raconte qu’il a perdu la carte de sa cachette et, depuis, cherche son magot…

Un flash-back nous révèle qu’en prison, Chuck a imprudemment donné l’information de son butin à un condamné : illui avait, de même, confié un secret. Fatale erreur ! Écœurée et déçue, Kat largue Chuck et fait connaissance avec Clyde : un Noir malin et débrouillard, avec lequel elle fait rapidement équipe. Chuck, lui, se met sur la piste des deux voleurs, en commençant par le blond Stanley qui se trouve être le condamné en question ! Son complice indien — et amant — devrait donc lui restituer l’argent, mais l’affrontement sera sanglant, façon western

Cet album n’est pas la suite ou le prologue du « Serpent et le coyote » (1), malgré les formats et styles graphiques similaires, l’environnement et la période, et malgré le clin d’œil final. Mais le jugement sera le même : graphisme tout aussi soigné et ample, et histoire prenante. L’époque donne un côté vintage aux scènes situées ailleurs que dans la nature. Celle-ci prend sans doute plus de place dans cet opus : animaux, paysages du début, puis désert hostile et soleil de plomb. Tout est parfaitement rendu et Xavier y est à son aise. Un western alors ? Le dessinateur use (et parfois, abuse) de l’espace — grandes planches, grandes cases, parfois doubles, très évocatrices — et multiplie les angles différents. Selon les scènes, on alterne entre découpage serré et longues descriptions contemplatives.

Évoquons maintenant le scénario de Matz. La trahison est un thème fréquent, surtout entre malfaiteurs : ce ressort essentiel ne surprend pas. Mais, ici, l’originalité tient à ce «spectre», inexplicable survivant de l’époque western, comme un salut à une référence historique : ou populaire, via le diptyque de Charlier et Giraud : « La Mine de l’Allemand perdu » et « Le Spectre aux balles d’or ». En aussi bonne compagnie, on ne peut que continuer… Mais en attendant, savourons une belle réussite !

Patrick BOUSTER

(1) Voir sur BDzoom.com : « Le Serpent et le coyote » : il était une fois un affranchi….

« L’Or du spectre » par Philippe Xavier et Matz

Éditions Le Lombard (22,95 €) — EAN : 9782808214896

Parution 9 mai 2025

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