Avec la complicité habituelle de Doug Headline (le fils du célèbre écrivain), le Grand Prix d’Angoulême en 1990 s’est attaqué avec brio à une nouvelle mise en images d’un roman noir de la figure tutélaire du polar francophone : Jean-Patrick Manchette. Il s’agit, après « Morgue pleine » (déjà adapté en BD par les mêmes auteurs), de la seconde — et donc dernière ! — enquête du détective privé Eugène Tarpon. Elle est parue en 1976 dans la collection Super Noire des éditions Gallimard et elle fut tournée pour le cinéma sous le titre « Pour la peau d’un flic » par et avec Alain Delon, en 1981. Drôle et efficace, « Que d’os ! » imbrique de patibulaires personnages hors normes dans des situations plus qu’improbables.
Lire la suite...Direction le Népal… Vite fait ?
Difficile de refuser d’accompagner un personnage parti au Népal, quand le simple feuilletage de l’album qui raconte son histoire n’inspire qu’au voyage : un voyage dans les pas de Maëlle, célibataire et directrice financière d’une start-up en pleine expansion, laquelle ne vit que pour son travail. Or, elle vient d’accepter de rendre un service très particulier à sa meilleure amie, très malade…
Maëlle accepte de faire un aller-retour assez rapide pour Katmandou pour récupérer sur place un médicament, ou plutôt une méthode de guérison, dont elle estime qu’elle a besoin pour se soigner. C’est flou, peu convaincant pour Maëlle, très cartésienne, mais elle part quand même, sans imaginer qu’elle va devoir y rester beaucoup plus longtemps que prévu et réaliser, sur place, un séjour plutôt initiatique pour elle.
Il faut dire que Maëlle est du genre à toujours bosser, à tout vouloir rentabiliser : le genre totalement addict au travail. Alors, pour autant, peut-elle perdre son temps, et décevoir son amie ? Ce qu’elle découvre sur place va cependant l’amener à réfléchir sur elle-même, à comprendre face aux célèbres yeux du temple de Bodnath qu’il est temps pour elle d’apprendre à observer, de prendre son temps, savourer l’instant, et de mieux apprécier la vie ; et même l’effort physique !
On n’adhèrera évidemment pas forcément au discours sur les vertus guérissantes liées à une prise de conscience globale de soi : c’est-à-dire à une philosophie du bonheur liée à un ego très persuasif qui consiste à positiver tout simplement. Tout simplement, car on sait évidemment qu’être optimiste est toujours plus positif pour l’individu, sa santé et son entourage, que l’inverse !
Peu importe ! C’est toujours bon à redire ! Ces propos qui ont probablement grandement participé au succès de « Kilomètre zéro », le roman de Maud Ankaoua, adapté ici-même par Mathilde Ducrest, dont on savourera les dessins magnifiques. Peu de cases par page, mais des cases pleines de couleurs, dont on se délecte notamment pour les paysages, jusqu’au sanctuaire des Annapurna, via des forêts de rhododendrons, des sentiers enneigés, bref « Le Chemin du bonheur », pour reprendre le sous-titre de l’album.
Didier QUELLA-GUYOT
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« Kilomètre zéro : le chemin du bonheur » par Mathilde Ducrest et Maud Ankaoua
Éditions Casterman (21, 50 €) – EAN : 9782203290839
Parution 14 mai 2025














