BDZoom > Actualités > Tonnerre de bulles n° 38 : « Toujours en vie ! »…

Tonnerre de bulles n° 38 : « Toujours en vie ! »…

24/05/2025
Par Henri Filippini

« Toujours en vie ! » : ce petit message joint à l’envoi du fascicule résume fort bien l’état d’esprit de Yannick Bonnant, le fondateur et animateur de l’un des derniers fanzines dédiés à la bande dessinée. Alors que, d’un simple clic, on peut apprendre tout ce qui concerne le monde de la bande dessinée sur l’écran de son ordinateur ou de son téléphone, il est de plus en plus compliqué de savourer la magie que représente le produit imprimé. Et pourtant, quel bonheur que de se plonger dans la lecture des entretiens réalisés avec des auteurs proposés par Tonnerre de bulles ! Le papier n’est-il pas le support indispensable pour bien savourer toutes bonnes bandes dessinées ?

Cette nouvelle livraison de Tonnerre de bulles (datée d’avril 2025) propose des rencontres-fleuves avec deux auteurs incontournables, apparus à la fin des années 1980. Deux auteurs qui ont opté pour deux conceptions différentes de la bande dessinée. Le premier, né en 1958, se tourne rapidement vers les maisons d’édition ayant pignon sur rue ; le second, né un an plus tard, débute au cœur de petites structures qui inventent une nouvelle façon d’utiliser la bande dessinée.

Gamin du Pas-de-Calais, Didier Vasseur — qui endosse le pseudonyme de Tronchet — effectue des études de journalisme, avant de se tourner en parfait autodidacte vers la bande dessinée.

Malgré un dessin à cent lieues de la classique bande dessinée franco-belge alors un peu en déclin, il impose Raymond Calbuth : un antihéros parfait qui lorgne vers les adultes. Au fil des années, il se frotte à tous les genres, signant une centaine d’albums chez des éditeurs prestigieux : Glénat, Albin Michel, Dupuis, Delcourt, Fluide glacial… Scénariste, romancier, réalisateur, acteur d’un one-man-show et éternel voyageur, il partage son temps entre la France et l’Équateur. L’entretien, réalisé par Sylvain Barbedet, revient avec humour sur le parcours atypique d’un homme chaleureux qui se dit heureux de vivre.

Né à Nîmes, David Beauchard étudie le dessin à l’école des Arts appliqués de Paris, notamment auprès de Georges Pichard. Après quelques travaux alimentaires, il cofonde l’Association, laquelle devient rapidement le modèle de la maison d’édition sans compromissions. Sous le pseudonyme de David B., il y signe son œuvre fondatrice : « L’Ascension du haut mal ». Il publie ses travaux chez Cornélius, Futuropolis, mais aussi Delcourt, Dargaud, Gallimard, Casterman et Dupuis. Il réside aujourd’hui à Bologne, en Italie, tout en poursuivant ses activités éditoriales à l’Association : il est l’un des derniers rescapés de cette maison d’édition toujours indépendante. Au fil d’un entretien passionnant, Raymond Larpin remonte le parcours sans faute de ce créateur exigeant, au trait original, refusant toute compromission.

Derib, par ailleurs invité d’un récent numéro hors-série de Tonnerre de bulles (1), fait l’objet d’un court entretien complémentaire en compagnie de son fils Arnaud, réalisé par le même Raymond Larpin.

C’est à partir d’un scénario d’Arnaud que le créateur de « Buddy Longway » vient de réaliser « La Promesse ». Publié en avril dernier aux éditions Orakart, cet album évoque l’ascension de la dent Blanche, un sommet situé au cœur des Alpes suisses.

À ces trois entretiens s’ajoute la rubrique des Coups de cœur, invitant les lecteurs à découvrir des albums récents. On peut se demander si cette rubrique a bien sa place dans un magazine trimestriel, la plupart des albums présentés ayant déjà déserté la vitrine des libraires.

À ce détail près, on en redemande, tout en souhaitant longue vie aux Petits Sapristains : Tonnerre de bulles ayant pour ancêtre le journal Sapristi. Notons encore que ce magazine est accompagné de trois ex-libris signés et numérotés.