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De jeunes cosmonautes bien sympathiques…

15/06/2025
Par Laurent Lessous

Dans une petite ville de province, un garçon timide se rapproche d’une jeune fille déjà amie avec un camarade de classe. Mais l’histoire de ce trio pré-adolescent, à la « Jules et Jim », dépasse la simple romance de jeunesse, car l’un des enfants, gravement malade, ne rêve que d’espace et de faire un tour dans les étoiles. C’est le début, sans mièvrerie aucune, d’une belle histoire, d’amitié, de résilience et de dépassement de soi.

Bastien habite avec ses parents dans un pavillon ordinaire d’une ville de province. C’est un jeune garçon solitaire, un peu introverti et totalement amoureux de la belle Iris. Cet amour lui semble impossible, mais, tenace, il fait sienne la devise de son père inspiré par Oscar Wilde : « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles. »

Il s’accroche donc à son espoir d’amourette, même si, dans la cour de l’école, Iris converse souvent avec Alphonse : son meilleur ami. C’est pourquoi, quand Alphonse est absent scolairement toute une semaine, Bastien est content : cela lui permet de se rapprocher de la belle. Il culpabilise quand même quand il apprend que son concurrent a été admis aux urgences de l’hôpital.

Quand Alphonse revient, Bastien accepte, pour se rapprocher d’Iris, de participer à leur projet de construire une fusée. Il est bon en math et en physique et son aide ne sera pas superflue. Les parents ne sont pas trop inquiets de voir disparaitre le trio devenu inséparable des journées entières dans la campagne et dans des granges voisines. Ils utilisent leurs vélos pour sillonner la région à la recherche de pièces indispensables pour assembler leur propulseur.

Si leurs premiers essais sont des échecs prévisibles, ce n’est pas cela qui atteint leur moral, mais la découverte que le fragile Alphonse est atteint d’une maladie dégénérative. Ils vont désormais se battre pour qu’il puisse réaliser son rêve ultime ; monter dans une fusée qui le propulsera très haut vers les étoiles.

« Les Cosmonautes » est une bande dessinée jeunesse qui s’étend généreusement sur plus de 100 pages. Généreusement, car il fallait oser écrire ce récit touchant, qui file la métaphore, entre la maladie d’un enfant et son rêve d’être cosmonaute.

Le pari était risqué, mais le résultat est bluffant de sincérité et d’émotion plus ou moins contenue.

Le récit prend le temps de conter les échecs du trio d’amis dans sa quête des étoiles en traitant avec une grande pudeur la maladie d’Alphonse et ses répercussions sur ses proches.

La finesse du scénario permet de traiter de belles thématiques, telles que le développement de l’amitié, la maladie et le deuil, la résilience pour surmonter les différentes épreuves de la vie ou la nécessité de travailler en équipe.

On doit cette bande dessinée émouvante à un trio d’auteurs. Le plus expérimenté en est Nicolas Bary, remarqué comme réalisateur des films « Le Petit Spirou », « Au bonheur des ogres » ou « Les Enfants de Timpelbach ». Il retrouve ici Nina Phillips, sa complice sur la bande dessinée « Le Monde des cancres », pour un scénario d’une grande subtilité qui sait jouer crescendo de l’émotion ressentie par le lecteur.

« Les Cosmonautes » page 27.

Le dessin du néophyte Étienne Péran participe à la réussite de l’album par son trait numérisé, doux et coloré, et des cases avec de multiples détails qui ne gênent en rien la grande lisibilité de l’album.

À noter que l’album s’ouvre sur une agréable préface d’Arnaud Prost, astronaute réserviste, qui se termine ainsi : « Si je dois résumer en un mot ce que je vous encourage à faire à l’aube de votre vie, c’est celui-ci : osez ! »

Une injonction suivie par les trois héros du récit et par Nina Goern, autrice de deux chansons autour de l’intrigue de l’album que vous entendrez à l’aide de QR code placés à la fin du livre. Bonne écoute et surtout bonne lecture.