Le retour de la petite voix intérieure qui se matérialise soudain devant vous…

La série « (Dé)rangée » devait être un diptyque contant un moment de la vie de Fleur : une jeune adulte à la vie normale, trop normale, banale même. Tout change quand sa petite voix intérieure se matérialise étrangement devant elle. Elle est forcée de l’écouter pour se prendre en main, retrouver l’estime de soi et, enfin, approcher d’un certain bonheur. Sur ce principe de la petite voix intérieure qui se matérialise pour aider une jeune adulte, la série se poursuit avec Mia en manque d’aide pour gérer sa charge mentale.

Mia, âgée d’une vingtaine d’années, a normalement tout pour être heureuse. Elle s’investit dans le travail qu’elle a choisi : dessinatrice dans une entreprise qui fonctionne bien, elle forme un joli couple avec un jeune homme charmant et attentionné et les relations avec sa mère semblent apaisées. Cependant, elle n’est pas heureuse. Pour cacher les doutes de plus en plus prégnants qu’elle ressent sur sa vie au quotidien, elle ne s’accorde aucune minute pour elle. Elle se surcharge de travail dans son entreprise, rentre tard dans son appartement et s’occupe beaucoup de sa mère devenue très dépendante avec l’âge.

Son mal-être finit par transparaitre. Trop sérieuse, jamais souriante, dans son bureau on la surnomme Mme Rabat-joie. Elle s’en rend compte et en est profondément blessée. À la maison, ce n’est pas mieux. Devant ses réticences à s’engager dans une vie familiale plus approfondie, son compagnon décide de prendre du recul et part dormir à l’hôtel. Toujours un peu triste et stressée, c’est en déménageant sa mère dans une maison de retraite qu’elle range ses dessins d’enfant dans un carton.

C’est de ce carton que sort un peu plus tard sa voix intérieure personnalisée par une petite fille rigolarde de sept ans. Celle-ci virevolte autour d’elle et entame un difficile dialogue avec Mia  : ceci pour la convaincre de lâcher prise et savourer la vie à sa juste mesure. Enfin mise face à ses contradictions par son inconscient, Mia fait des choix forts pour trouver un équilibre dans sa vie de jeune adulte.

On retrouve dans le troisième volume de « (Dé)rangée» toutes les qualités des deux premiers tomes. C’est une charmante comédie contemporaine menée de main de maître par Manon Henaux qui s’occupe ici aussi de la mise en couleurs.

Pour ses premier scénarii, la coloriste réussit à construire un récit léger, mais jamais manichéen, autour de l’affirmation d’une jeune femme qui écoute enfin son inconscient pour s’affirmer comme adulte ; autant dans ses choix professionnels que pour ses amours ou que pour construire une relation apaisée avec sa mère.

Le dessin stylisé de Greg Blondin colle à l’esprit de ce récit tendre et juste. Comme pour le manga, il exagère certaines expressions ou situations – notamment avec la petite chienne Princesse à l’origine de gags  en arrière-plan qui allègent certaines séquences -, mais les décors réalistes d’une ville française et le jeu inventif de la mise en cases des planches rapprochent son graphisme de la tradition franco-belge.

À noter que les auteurs – qui se connaissent bien, pour avoir travaillé plusieurs fois ensemble sur « Hagard, enquêteur de l’histoire » ou « Je dessine mes premiers personnages BD » par exemples – ont accompagné la sortie du premier volume de la série de manière originale. Pendant un an, ils ont voyagé dans leur van, pour aller à le rencontre de leurs lecteurs. Ils narrent ce voyage et les actualités autour de la série sur la page Instagram  La tournée dérangée.

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Laurent LESSOUS (l@bd)

« (Dé)rangée » T3 par Manon Henaux et Greg Blondin

Éditions Bamboo (17,90 €) – EAN :  9791041109333

Parution 4 juin 2025

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