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« Zeppelin en danger » : complot en altitude !

08/07/2025
Par Philippe Tomblaine

Rien ne va plus à bord du Graf-Zeppelin ! Alors que le célèbre dirigeable allemand tente de parachever son tour du monde en 1929, les prémices d’un complot se font jour : l’apprenti-steward Nick Cardinali va ainsi avoir fort à faire : entre voleurs japonais, hommes de mains allemands et escrocs internationaux… Imaginée par François Darnaudet en hommage à son fils disparu, cette trépidante aventure aérienne se double d’une enquête de haut vol, dans la plus pure tradition du genre !

Couverture pour le roman (Rouge safran - 2014).

C’est en juin 2014 que parut initialement, aux éditions Rouge safran, le roman « Zeppelin en danger », écrit par Boris et François Darnaudet. Devenu finaliste avec ce titre dans la catégorie du polar jeunesse, lors du Festival lyonnais Quai du polar, Boris décéda brutalement en 2015, à 25 ans. L’année suivante, l’éditeur Pol Beauté proposa à François Darnaudet d’adapter le roman en album. Deux dessinateurs furent pressentis, mais cette tentative échoua en raison de divers écueils artistiques. Le projet redémarra finalement de manière plus heureuse chez Paquet (collection Cockpit) en 2023, avec l’arrivée du dessinateur Romuald Gleyse. Comme l’explique François Darnaudet, l’intrigue initiée par Boris, « se situe pendant le véritable tour du monde du Graf-Zeppelin en 1929. Un petit incident a véritablement eu lieu entre Tokyo et les USA. Boris y a glissé une double intrigue policière. Le journaliste français Léo Gerville Reache est un personnage historique ainsi que les membres d’équipage et les passagers, hormis le héros Nick et les méchants… »

Rough pour la planche 2.

Planches 2 et 3 (Paquet - 2025).

Mis en couleur par Fabien Alquier, l’album fait place à son sujet central dès sa couverture : au cœur de l’orage et du suspense, le dirigeable allemand LZ 127 Graf-Zeppelin ne semble plus maitriser son destin. Si ce dirigeable de 236 mètres, mis en service depuis 1928, n’acheva sa carrière qu’en 1937, nombre de lecteur l’auront sans doute plus ou moins consciemment rapproché (voire confondu) avec le LZ 129 Hindenburg, disparu dans un accident meurtrier (35 morts) en mai 1937. Jusqu’à cette date, la popularité de ces géants des airs demeura donc intacte, les compagnies ne manquant pas d’arguments publicitaires et techniques pour concurrencer leurs rivales maritimes et notamment transatlantiques. Avec 1,5 million de kilomètres parcourus, 590 vols et 13 110 passagers transportés, le Graf-Zeppelin ne démérita pas, outre les dangers représentés par ces gigantesques enveloppes de gaz hydrogène.

Planches 4 et 5 (Paquet - 2025).

Rough de la planche 22.

Encrage pour la planche 22.

L’intrigue, tel que précisé, met en scène la circumnavigation réalisée à partir du 8 août 1929 par ce dirigeable, entre le New Jersey, l’Europe, l’Union soviétique puis Tokyo (« Tokio » à l’époque concernée), la base aéronavale de Kasumigaura, Los Angeles et Lakehurst (New Jersey), destination atteinte le 29 août. La violente tempête subie lors de la traversée du Pacifique (avec coupures des liaisons radio, laissant croire aux médias que l’appareil s’était abimé en mer !) peut être mise en parallèle avec le visuel de couverture finalisé. Notons qu’une première version de la couverture laissait apparaitre les divers protagonistes, dans un esprit pulp et romanesque digne d’Agatha Christie (voir les affiches des films « Le Crime de l’Orient-Express » ou « Mort sur le Nil », versions années 1970). S’il est difficile d’en dire plus sans dévoiler l’intrigue et ses divers rebondissements, concluons simplement cette chronique en disant que l’art graphique de Romuald Gleyse (très inspiré par un esprit atome et néo-ligne claire à la manière de Chaland ou Schwartz) s’accorde parfaitement au scénario de François Darnaudet. Un bel hommage aux talents de romancier du regretté Boris…