Intégrale d’une emblématique BD du Tintin des seventies : « Section R » de Raymond Reding !

La plupart des BD de Raymond Reding (1) se déroulaient dans les milieux sportifs, car cet auteur vedette de l’hebdomadaire Tintin était lui-même un athlète accompli. Il a pratiqué de nombreux sports jusqu’en 1967, où il a été victime d’un très grave accident de la route et a failli être perdu pour sa passion et la bande dessinée. À force de courage et après des mois de rééducation, il retrouvera, peu à peu, le chemin de sa planche à dessin, tout en renouant avec la natation ou le tennis. Si ses séries les plus connues restent celles mettant en scène le tennisman Jari ou les footballeurs Vincent Larcher (2) et Éric Castel, le couple formé par les anciens champions olympiques Sophie Ravenne et Django Riva, associés à l’ex-catcheur Tonton, a aussi marqué les lecteurs du « Journal des jeunes de 7 à 77 ans » des années soixante-dix.

Les éditions BD Must proposent aujourd’hui, aux nostalgiques et aux nouvelles générations curieuses de découvrir les BD franco-belges qui ont ravi la jeunesse de leurs aînés, l’intégrale chronologique, en quatre volumes, de la totalité des 500 pages de la « Section R ».

Il faut dire que les albums publiés dans la collection Jeune Europe du Lombard (de 1975 à 1977), chez Horus (en 1979 et 1980) ou chez Bédéscope (en 1982) sont épuisés depuis bien longtemps dans le commerce, et que, de toute façon, de nombreux récits complets n’y avaient pas été compilés.

Deux volumes de 136 et 152 pages sont déjà disponibles. Ils ont été tirés à seulement 500 exemplaires — dont 100 sont augmentés d’un ex-libris et d’une illustration numérotés — et couvrent les quatre premières années où les aventures, souvent policières, de la Section R sont parues dans le journal Tintin et les Tintin sélection ou Tintin spécial, entre le 9 novembre 1971 et le 7 septembre 1979 : certains épisodes auraient également été repris, en 1979, dans Footy, mensuel — mêlant football et bandes dessinées — proposé par la société Cinq Pouce qui, à ce moment-là, éditait Tintin

Tout en renouant dans un premier temps avec la forme des courts récits — entre 7 et 12 planches chacun — Raymond Reding, déjà âgé de 51 ans et fort de ses 25 années d’expérience d’auteur de BD, y adopte, dès le premier reportage, un style de dessin un peu plus décontracté (et donc moins « ligne claire ») que dans ses précédentes séries ; s’inspirant, notamment, des graphismes « libérés » alors en vogue dans le journal Tintin sous la houlette du rédacteur en chef Greg, et que l’on retrouvait, par exemple, dans les bandes de William Vance (« Bruno Brazil »), Dany (« Olivier Rameau »), Walter Fährer (« Cobalt »), Géri (« Mr Magellan ») ou Carlos Giménez (« Dani Futuro »).

D’ailleurs, comme le remarque Charles-Louis Detournay, dans l’un de ses dossiers historiques de huit pages très instructives qui complètent agréablement chacun des ouvrages, la « Section R » est une série « profondément ancrée dans son époque », effleurant des thématiques qui parlaient aux jeunes des années 1970 : fraude et compétition, consommations de drogue ou d’alcool, innovations scientifiques, politique mondiale, féminisme, musique rock, mode, superstition (voire fantastique)…

Par ailleurs, le sujet de la bande dessinée (diverses énigmes sportives résolues par un trio peu ordinaire de détectives experts dans ce domaine) permet à l’auteur d’aborder tous les sports possibles (natation, basket, tennis, athlétisme, catch, patinage artistique, boxe, bobsleigh…), sans se concentrer sur un seul domaine, comme il le faisait avec ses précédents « Jari » ou « Vincent Larcher ».

Après avoir démissionné du magazine Radiance, la blonde et séduisante Sophie Ravenne (ex-nageuse championne junior du 400 mètres) et l’athlète Django Riva — bientôt rejoints, au cinquième récit (« Le Chantage »), par l’ancien catcheur Tonton — créent ensemble, afin de pouvoir travailler en toute liberté, la Section R : une agence spécialisée dans les enquêtes sur le sport. Leurs investigations dans les coulisses des diverses disciplines les amènent, souvent, à traquer des savants fous, des tueurs psychopathes, des mégalomanes en puissance, voire des sectes étranges voulant semer le trouble dans des pays (la plupart du temps fictifs) du Moyen-Orient.

Par leur courage, leur puissance physique et leurs personnalités hors du commun, les protagonistes sont vraiment attachants ; d’autre part, le dessin réaliste de Reding est précis et les intrigues font la part belle aux valeurs ou bienfaits du sport : rien d’étonnant à ce que la « Section R » ait, d’emblée, conquis les amateurs des BD du journal Tintin ! 

Cela dit, même si la série a procuré — et procure toujours ! — d’excellents souvenirs aux lecteurs des seventies, elle n’arriva jamais à atteindre l’aura qu’ont pu avoir les autres créations de cet auteur. Elle demeure, cependant, un véritable marqueur de son époque !

Les deux volumes qui restent à paraître chez BD Must devraient contenir les derniers récits complets de la « Section R », ainsi que leurs trois grandes épopées de 46 planches : « L’Effet Albion », « Un cobaye nommé Django » et « L’Anderlechtois »… On les attend avec impatience !

Gilles RATIER

(1)  Sur Raymond Reding, voir sur BDzoom.com : « Jari » de Raymond RedingEnfin, tout « Jari » !

(2)  À noter que l’on retrouve le footballeur Vincent Larcher — voilà encore une excellente série qu’il serait bon de rééditer en intégrale ! — dans « Qui êtes-vous Monsieur Georges ? » : une courte histoire en 16 pagettes de la « Section R » publiée dans le petit format Tintin sélection n° 16, en 1972, et remontée en huit pages classiques dans le premier tome de l’intégrale BD Must.

 

« La Section R » T1 & 2 par Raymond Reding

Éditions BD Must (49,95 € le volume) — EAN : 9782875359391 et 9782875359414

Parution 11 juillet 2025

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Une réponse à Intégrale d’une emblématique BD du Tintin des seventies : « Section R » de Raymond Reding !

  1. Zaza dit :

    Une série comme on en ferait plus aujourd’hui. La BD a tellement changé, surtout en rations hebdomadaires.
    Raymond Reding était avant-tout un conteur et un sacré. Ses personnages étaient incarnés.

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