Disparu il y a déjà sept ans, René Pétillon — bien connu pour ses dessins d’humour dans Le Canard enchaîné, mais aussi pour son inénarrable détective Jack Palmer dont l’enquête corse a notamment fait parler de lui, car adaptée au cinéma — (1) avait travaillé, depuis 2008, sur ce scénario quasiment achevé. Bien qu’il en ait également assuré partiellement le découpage et les crayonnés (donc, il ne restait pratiquement plus qu’à dessiner l’album), il avait abandonné cet ultime projet pour différentes raisons, dont la nécessité d’honorer d’autres entreprises en cours. C’est le célèbre Manu Larcenet (2), récemment auréolé de son adaptation de « La Route », qui a été approché pour s’approprier l’histoire, la terminer et la mettre en images : un très bon choix !
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En 1995, le grand dessinateur italien Sergio Toppi (1) travaille à nouveau pour l’éditeur populaire transalpin Sergio Bonelli, pour lequel il avait déjà illustré trois titres de la collection Un uomo un’avventura à la fin des années soixante-dix. Il renouvelle d’abord cette collaboration sur trois courts westerns dans le magazine Ken Parker, puis surtout sur deux épisodes de la série « Nick Raider » (en 1997 et 2001) et un de « Julia » (en 1999). Ce sont ces trois polars plus ou moins « noirs » que les éditions Fordis vont publier dans leur collection Tourments, au format traditionnel franco-belge, à commencer par « Traces de sang » : une passionnante enquête de l’inspecteur new-yorkais Nick Raider, scénarisée par Gino D’Antonio (un autre géant des fumetti) !
« Nick Raider » est une série policière en noir et blanc, dans l’esprit classique de celles proposées par Bonelli, et dont le premier opus a été réalisé par le scénariste Claudio Nizzi et le dessinateur Gustavo Trigo (bien d’autres artistes prendront ensuite le relais). Toutefois, le véritable créateur graphique est l’auteur des illustrations des couvertures du mensuel italien : Giampiero Casertano.
Si la série est éditée en Italie de juin 1988 à janvier 2005, le temps de 200 épisodes, seuls quatre épais ouvrages compilant plusieurs aventures ont été traduits en France.
D’abord chez Glénat en 1993 et 1994 (scénarios de Nizzi et dessins de Bruno Ramella), puis un dernier chez Clair de lune en 2009 avec des scénarios de Nizzi ou de Gianfranco Manfredi et des dessins du talentueux Corrado Mastantuono (2).
À noter que ce dernier avait aussi assuré l’illustration de la couverture de « Tracce di sangue » : l’édition italienne de l’histoire proposée aujourd’hui par Fordis et qui avait été publié à l’origine en mai 2001, dans le n° 9 de l’annuel Almanacco del giallo.
Nick Raider est un Italiano-Américain de troisième génération qui a eu une jeunesse un peu turbulente, mais qui est devenu l’un des détectives de la brigade des homicides à New York. Alors qu’il est de garde la nuit, au district central de l’application des lois de Manhattan, et qu’il s’est mis à rédiger un rapport sur une précédente affaire criminelle, notre héros reçoit la visite de Jacky Duvall : une jeune femme qui a peur d’être assassinée. Venue des marais de Louisiane jusqu’à la Grosse Pomme, elle n’a pas eu une vie facile, mais ce qui l’attend semble encore bien pire. Elle cherche refuge à New York, car elle fuit le brutal proxénète de sa sœur tuée récemment, ainsi que ses acolytes : de plus, la maison où elle vivait avec sa parente défunte a été incendiée.
Nick contacte alors son amie Sarah Himmelman — une privée indépendante du style garçon manqué coriace et combatif qui l’a déjà souvent aidé par le passé — pour qu’elle héberge momentanément sa protégée. Il pourra compter sur cette partenaire, ainsi que sur ses coéquipiers habituels du District Central, pour résoudre cette tragique et remuante enquête qui va le mener jusque sur les terres inhospitalières des Cajuns…
Malgré́ les contraintes et codes du genre, Sergio Toppi passe allégrement des décors urbains new-yorkais aux marécageux bayous louisianais, tout en multipliant les actions mouvementées. Il a su imposer son style reconnaissable au premier coup d’œil, tout en s’adaptant respectueusement aux limites requises. Ne disait-il pas lui-même : « Travailler dans un cadre défini permet de rechercher et trouver d’autres lignes créatrices, et cela ne me gêne pas, au contraire… ».
Pour information, les deux prochains polars de Toppi paraîtront en 2026 :
— en mars, ce sera « Sans respiration », toujours sur scénario de Gino D’Antonio et avec Nick Raider (publié sous le titre « Senza respiro » dans le n° 114 du mensuel Nick Raider italien en novembre 1997),
— et en septembre, on aura droit à l’enquête de Julia écrite par Giancarlo Berardi « L’Éternel Repos » (« L’Eterno Riposo », proposé dans le n° 11 du mensuel Julia en Italie, en août 1999).
(1) Voir sur BDzoom.com : Sergio Toppi : géant de la bande dessinée italienne… et Sergio Toppi : le coin du patrimoine BD.
(2) Voir sur BDzoom.com : Corrado Mastantuono.
« Traces de sang : une enquête de Nick Raider » par Sergio Toppi et Gino D’Antonio
Éditions Fordis (22 €) — EAN : 9791095720744