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La possibilité d’une île lévitante pour aventurières volantes…

07/09/2025
Par Laurent Lessous

Au vu de leurs qualités et de leur originalité, il est de nouvelles séries dont on souhaite qu’elles rencontrent un large lectorat. C’est la cas d’« Îles », dont le premier tome — prometteur — vient de paraître aux éditions de la Gouttière. De l’aventure épicée de fantastique, des mystères familiaux et sociaux à résoudre, ainsi que de belles thématiques traitées intelligemment… : voila de quoi satisfaire de jeunes lecteurs dès dix ans et bien sûr des lecteurs, un peu, moins jeunes.

Dans ce monde imaginaire, les hommes vivent sur des îles qui lévitent au-dessus des nuages. Ils utilisent des navires volants pour commercer d’un archipel à l’autre et pour récolter divers produits qui se trouvent sous l’épaisse couche nuageuse. Cette moisson peut se révéler dangereuse, car des monstres se cachent sous le monde visible des hommes et peuvent attaquer les bateaux isolés.

Heureusement, il existe des vaisseaux armés pour se défendre de ces agressions, comme La Mouette bleue dirigée de main de maître par Ienisseï Dero quand le capitaine cuve — à son habitude — son mauvais rhum. La navigatrice tente de vivre dans un petit port une vie tranquille, loin de l’agitation de l’amirauté. Elle réussit à se cacher des autorités jusqu’à l’arrivée de la capitale d’Alie : une ingénieure au caractère volontaire.

La jeune femme provoque, sans l’avoir voulu, un bouleversement dans la petite ville périphérique où loge Ienisseï. Elle souhaite retrouver le père de celle-ci, l’amiral Dero, disparu depuis plus d’un an. Pour ce faire, elle a besoin de l’aide de sa fille et du carnet de voyage rapporté de ses expéditions précédentes et que Ienesseï détient. Mais un groupe aux méthodes expéditives veut à tout prix empêcher les jeunes femmes de partir sur les traces de l’amiral Dero. Cela semble lié à l’interdiction d’exploitation de l’éthérite, un minerai qui permet aux navires de voler plus vite et plus loin, mais dont l’extraction incontrôlée peut provoquer la destruction des îles. Commence alors un périple incertain aux limites du monde connu pour Alie, Ienesseï et un équipage réduit.

Nous retrouvons avec plaisir le duo Frédéric Maupomé/Aude Soleilhac dont le travail nous a toujours charmé. Nous vous avons souvent entretenu, dans les pages de la rubrique jeunesse de BDzoom.com, des qualités d’écriture du scénariste, que ce soit sur les séries « Anuki », « SuperS », « La Quête », l’album musical « L’Onde » ou bien sûr pour son travail pour les pinceaux d’Aude Soleilhac sur les quatre volumes de « Sixtine ».

« Îles T1 : Petite chose » page 25.

Frédéric Maupomé a bâti une épopée fantastique qui mêle, sur fond d’écologie, une quête mystérieuse questionnant la figure du père tout en faisant écho à notre monde actuel, et agaçant notre bonne conscience, car nous sommes souvent tentés de détourner notre attention de la surexploitation délétère des ressources de notre planète. Avec un humour bienveillant, il introduit ses thématiques fétiches : le difficile travail de deuil, la conquête de la liberté par le libre-arbitre, la force des amitiés dans un groupe restreint, la tolérance pour toutes les différences et une vision un peu pessimiste de notre société, laquelle semble courir à sa perte dans une indifférence quasi générale.

Le dessin efficace d’Aude Soleilhac se fait très précis pour détailler les expressions et les gestes ou attitudes des personnages, ainsi que les décors somptueux d’un monde fantastique avec une faune exubérante, un peu dans l’esprit des « Valérian » de Christin et Mézières.

C’est elle qui est à l’origine du projet. Elle a effectué de nombreuses recherches graphiques de décor et de personnages avant de contacter Frédéric Maupomé pour qu’il écrive cette histoire d’îles flottantes et de dangereuses créatures.

Une histoire palpitante autour de thèmes forts que l’on aura plaisir à suivre sur plusieurs volumes.