« Rockabilly », c’est le portrait brélien d’une époque étasunienne, âpre et hyperréaliste. Un portrait brillamment concocté par Rodolphe au scénario et Christophe Dubois au dessin. C’est celui, aussi, d’un trio de jeunes vivant dans un bled paumé du Kentucky : Hazard. D’un trio et d’un quatrième personnage insufflant alors une énergie nouvelle : le rock’n roll. Let’s go !
Lire la suite...« Rockabilly » : these people…

« Rockabilly », c’est le portrait brélien d’une époque étasunienne, âpre et hyperréaliste. Un portrait brillamment concocté par Rodolphe au scénario et Christophe Dubois au dessin. C’est celui, aussi, d’un trio de jeunes vivant dans un bled paumé du Kentucky : Hazard. D’un trio et d’un quatrième personnage insufflant alors une énergie nouvelle : le rock’n roll. Let’s go !
Ce récit de 93 planches débute par l’arrivée de la belle Mary Barbara, dite Barbie, dans une petite gare de l’État du Kentucky, dans les Appalaches. Sur le quai, elle est accueillie par son beau-frère : Hank Wayne. Barbie vient d’épouser Bram : l’un des trois autres fils de la famille Wayne. Un brave gars, travailleur, protecteur, mais accaparé. C’est pour fuir une institution congréganiste pour filles que la jeune femme a choisi la voie du mariage. Ainsi, elle débarque dans un trou où il ne se passe jamais rien… Où Hank, quant à lui, n’aspire qu’à un horizon : partir, loin. Croisée des destins… Barbie ignore alors qu’elle va devenir l’élément perturbateur de ce microcosme familial… L’autre élément, avec le rock’n roll.
Famille nombreuse, les Wayne forment un clan vivant dans la campagne de Hazard, alors que la mère de famille a disparu depuis quelques années… Il y a là le père vicelard, Dad ; le frère violent, Eddie ; le frère cadet, le pornographe Zacharie ; et la sœur cadette, la déséquilibrée Evy. Bref, comme un portrait de famille acéré, à la Jacques Brel dans « Ces gens-là ».
Alors que l’époux est acharné au travail, la belle Barbie — la « Frida » de Brel — se lie d’amitié avec son beau-frère Hank. Bulle d’énergie et d’évasion, contrepoint salvateur de vies austères au ras du pragmatique, le rock n’roll rapproche les deux jeunes gens. Hank écrit et rêve de devenir l’égal de ses idoles, quand, bientôt, un événement vient perturber l’arrivée de Barbie dans la famille : Eddie est recherché par la police pour le meurtre sordide d’une octogénaire. Est-il vraiment l’assassin recherché ? Où se cache-t-il ? Sera-t-il capturé ? La commission criminelle est-elle un atavisme familial ? Que vient faire maintenant le FBI dans la ferme des Wayne ? Barbie, l’autre élément disruptif, restera-t-elle dans cette famille déglinguée dans laquelle elle s’est réfugiée par dépit ?
Concupiscence, jalousie et folie — la litanie des tristes sentiments humains — déchirent la déjantée famille Wayne à l’heure de l’insertion de Barbie… C’est avec plaisir que, plongé dans ces dérives humaines, le lecteur suit le destin du trio, de la belle, de son époux et de son beau-frère, pour lesquels le quatrième personnage du rock’n roll joue un rôle majeur… Salvateur ? Cette fable glauque aura-t-elle un happy end ? Comme chez Brel, « on s’en va pas » de chez « these people » !
Quant au dessin, nul besoin de mots : son académisme est magistral, sa sensibilité saute aux yeux. Il charpente à merveille le récit de Rodolphe. Une réussite, kids !
« Rockabilly» par Christophe Dubois et Rodolphe
Éditions Daniel Maghen (19,50 €) — EAN : 9782356741943