Pièges en haute mer pour Lefranc !

Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.

Couverture coédition avec CanalBD.

Sans lien apparent avec la régate de Lefranc et ses coéquipiers, l’album s’ouvre sur le port de Rotterdam, où Van Toor conclut une transaction de chalcopyrite : un minerai riche en cuivre.

Le bateau qu’il commandite et qu’il fait partir avec un groupe de mercenaires doit aller en Indonésie, dans la mer de Banda, pour décharger sa mystérieuse marchandise.

Théa, Lefranc et les autres protagonistes partent également.

Parmi les nombreuses îles d’Indonésie, Walang a pour sultan le jeune Sinar, âgé de seulement 13 ans.

Mais le régent Taslim, aux activités troubles et aux projets nuisibles, entend bien conserver le pouvoir. 

Pris par une forte tempête, le bateau de l’équipe de Théa et Lefranc est contraint de s’échouer sur une île déserte. Ils sont secourus par des individus venus d’une île voisine, qui les conduisent dans l’île de Loutor, plus équipée, car elle héberge — outre le sultan de passage — une installation industrielle. Mais, dans cette zone surveillée quasi militairement, où ils ne sont pas les bienvenus, les voilà malmenés et même emprisonnés. Lefranc croise toutefois le jeune sultan, qui l’écoute et interdit qu’on leur inflige tout mauvais traitement, puis lui confie son propre isolement et les menaces qui pèsent sur sa vie…

Dans la chronologie des « Lefranc », l’histoire se situe autour de 1960 : si l’indépendance de l’Indonésie a été actée par les Pays-Bas en 1949, des troubles ont secoué le pays entre 1960 et 1965, et Jean XXIII est cité comme pape actuel. Le scénariste Roger Seiter, également historien, aime truffer ses récits de bases sociopolitiques ou stratégiques bien réelles. Ce n’est pas une mince qualité, pour les « Lefranc » et pour les reprises des Jacques Martin en général, dont les lecteurs sont exigeants. Dans ce contexte historique, les auteurs n’ont pas ménagé leurs efforts pour diversifier les événements !

Le trait de Régric est toujours aussi agréable, et est surtout fidèle aux canons de Jacques Martin (avec un bémol sur une planche pour une nette baisse de régime concernant les visages des personnages…). L’album se lit de façon plaisante et fluide, sans autre prétention qu’une bonne série B : ce qui n’est pas péjoratif. Une mention spéciale aux couleurs de Bruno Wesel, particulièrement en mer et dans la nature.

Mais pour l’avenir, Axel Borg, son intelligence piquante et sa mégalomanie commencent à nous manquer : vivement son retour !

Patrick BOUSTER

La reproduction des images est sous ©Casterman, 2025.

«Lefranc T36 : La Régate» par Régric et Roger Seiter

Éditions Casterman (13,50 €) — EAN : 9782203281752

Parution 17 septembre 2025

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