BDZoom > Actualités > Des vacances mouvementées pour Gil St André et son amie Djida !

Des vacances mouvementées pour Gil St André et son amie Djida !

27/09/2025
Par Henri Filippini

Amateurs d’histoires bien ficelées « à la Jean-Michel Charlier », ce nouvel épisode des aventures de Gil St André est pour vous. Grand admirateur du maître scénariste, digne continuateur des aventures de Barbe-Rouge, Jean-Charles Kraehn propose un polar au scénario classique, riche en coups de théâtre. Quelque 30 ans après la création de cette série à succès dans la défunte collection Bulles noires, cet album présente un récit indépendant, à savourer avec le simple plaisir de passer un bon moment.

En route pour de paisibles vacances en Croatie, Gil St André — petit patron et incorrigible baroudeur — et son amie la fliquette Djida rencontrent une intrigante auto-stoppeuse. Abigail Hartford de Beaumont, une jeune Anglaise de 19 ans, au corps pulpeux et au QI supérieur, leur confie être traquée par les gardes du corps de son richissime père, après s’être enfuie de son école huppée de Zurich. Elle refuse d’épouser Roch Meyer : un riche héritier insipide qui lui est imposé par son géniteur. Entre les explications vaseuses de ses poursuivants, lesquels prétendent que la jeune fille s’est enfuie d’un asile suisse, et les confidences troublantes d’Abigail, nos deux héros décident de venir en aide à la jolie fugueuse. Une longue traque commence, permettant de croiser la route de personnages insolites, dont les rôles sont méticuleusement distribués par le scénariste.

Même si les ficelles sont parfois un peu grosses — une spécialité chez Jean-Michel Charlier —, le récit demeure crédible, mouvementé, haletant, teinté d’humour et sans le moindre temps mort. Chrys Millien propose des dessins soignés, même s’il n’est pas encore à la hauteur des premiers épisodes dessinés par Jean-Charles Kraehn lui-même, puis par Sylvain Vallée. Les personnages sont encore un peu raides, les décors trop rares, et les couleurs de Patricia Kraehn parfois trop lumineuses, mais l’ensemble ne manque pas de charme. Vendue à plus d’un million d’exemplaires depuis sa création, cette série n’a pas pris une ride et nous retrouvons les deux héros toujours avec le même plaisir.

Né le 21 avril 1975 à Vitry-le-François (Marne), Chrys Millien se passionne très jeune pour la bande dessinée. Autodidacte, il participe en 1991 au fanzine Fun en bulles. En 2001, il commence chez Soleil la trilogie « Witness 4 » avec Érik Arnoux. Avec Érik Arnoux et Jean-Louis Fonteneau, il dessine « Les Génies de l’Arc de Triomphe » chez Glénat et publie en 2012 « Poker Face » chez Jungle. Toujours avec Érik Arnoux, il réalise le spin-off de « Tramp » (« L’Aviateur ») : trois épisodes écrits par Jean-Charles Kraehn pour Dargaud. Seul, en 2016, il adapte « Le Tour du monde en 80 jours » chez Glénat. C’est en 2018 qu’il reprend « Gil St André » avec Jean-Charles Kraehn chez Glénat, puis en 2021 « Alix » avec la scénariste Valérie Mangin aux éditions Casterman.

Né le 27 juin 1955 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), Jean-Charles Kraehn étudie à l’école Estienne avant d’opter pour la bande dessinée. Après divers travaux alimentaires, il débute dans la collection « 2 000 ans d’histoire » éditée par l’agence ID Program. En 1985, il dessine « Les Aigles décapitées » sur un scénario de Patrice Pellerin, pour le mensuel Vécu des éditions Glénat. Série qu’il poursuit seul, puis avec Michel Pierret au dessin, avant d’en confier les scénarios à Érik Arnoux.

Toujours pour Glénat, Jean-Charles Kraehn écrit et dessine « Bout d’homme » à partir de 1990, puis crée « Gil St André » en 1996, et enfin en 2001 « Le Ruistre ». Pour les éditions Dargaud en 1989, il écrit « Tramp » dessiné par Patrick Jusseaume, « Myrkos » pour Miguel en 2004, et, enfin, il signe la reprise des aventures de « Barbe-Rouge » avec Stefano Carloni. On lui doit aussi « Futura » aux éditions Paquet. Auteur complet à l’imagination débordante, Jean-Charles Kraehn poursuit sa route avec talent, dans la grande tradition de la bande dessinée franco-belge classique.

Henri FILIPPINI