Créé en 2018 pour « Une aventure de Spirou par… », Ptirou — le personnage central du premier album — évoque les origines du personnage de Spirou créé en 1938 par Rob-Vel (1). Disparu tragiquement dès ce premier épisode, le jeune rouquin permet à sa jeune compagne appréciée par les lecteurs de devenir l’héroïne principale d’une série autonome (2). Fille — de bonne famille — du directeur de la Compagnie générale transatlantique, adolescente fragile dans le premier récit, Juliette de Sainteloi devient grande reporter-écrivaine indépendante, témoin des grands événements du XXe siècle sous le nom de Mademoiselle J. Protégée par le fantôme de Ptirou, c’est une femme libérée, humaniste, en avance sur son temps.
Lire la suite...Des rebondissements surprenants : on passe facilement de la peur au rire dans « Le Dinosaure électrique » et Benoît Preteseille nous en dit plus sur cette excellente BD jeunesse…
Éditeur, professeur de bande dessinée et auteur protéiforme Benoît Preteseille excelle autant dans la bande dessinée adulte que dans des œuvres pour les plus jeunes lecteurs. Nous le remercions sincèrement d’avoir pris du temps pour répondre à nos questions, notamment sur sa dernière BD jeunesse aux éditions Biscoto : « Le Dinosaure électrique ».
BDzoom.com : Bonjour Benoît Preteseille, pouvez-vous vous présenter pour les lecteurs de BDzoom.com ?
Bonjour, je suis auteur de bande dessinée, et je suis également éditeur… et professeur de bande dessinée à Angoulême.
BDzoom.com : Parlez-nous un peu plus de votre travail d’éditeur.
J’aime sortir régulièrement de la solitude d’auteur de bande dessinée, et l’édition m’intéresse depuis longtemps. J’avais d’abord co-fondé Warum en 2004 pour publier de la bande dessinée, puis j’ai monté ION en 2010, qui montre des images et des dessins, pas forcément narratifs, d’artistes que j’admire. J’ai découvert plein de choses merveilleuses, parfois très contemporaines, parfois plus anciennes, c’est une ouverture créatrice précieuse pour moi.
BDzoom.com : Vous êtes reconnu comme un auteur exigeant pour un lectorat adulte, pouvez-vous nous parler de votre travail comme auteur complet sur des ouvrages comme « Les Poupée sanglantes » qui a figuré dans la sélection pour le Fauve d’or en 2021 ou plus récemment sur « L’Oubliée », tous les deux publiés aux éditions Atrabile ?
Je fais chaque livre après l’autre, selon mes envies et questions du moment. « Les Poupées sanglantes » était au départ l’adaptation d’un roman-feuilleton de Gaston Leroux (« Le Mystère de la chambre jaune », « Le Fantôme de l’Opéra » …), qui me fascine par son travail sur le fantastique et la façon qu’il a de retourner les points de vue.
Avec lui, les personnages effrayants sont rarement ceux que l’on croit. « L’Oubliée » étant un livre sur la mémoire et les souvenirs, j’avais envie de le composer comme un meuble à tiroirs que l’on ouvre un à un, et chaque fois un récit différent en sort, pour donner à la fin le portrait d’une femme mystérieuse.
BDzoom.com : Vous êtes un collaborateur régulier du journal jeunesse Biscoto, dans lequel vous animez tous les mois une rubrique autour de la musique, « Le Coin des oreilles ». Expliquez-nous un peu de quoi il s’agit.
Ma rubrique est passée par différentes phases, j’ai commencé par des biographies de femmes, puis j’ai continué avec des découvertes musicales, aujourd’hui ça s’appelle « Le Placard du bizarre ». Chaque mois, je traite le sujet proposé par Biscoto avec un petit pas de côté. Globalement, comme toujours, j’essaie de partager des choses qui m’intéressent !

BDzoom.com : Après « Le Petit Poucet et l’usine à saucisses » et « Les Têtes minuscules », « Le Dinosaure électrique » est votre troisième bande dessinée jeunesse aux éditions Biscoto. Travailler en direction des jeunes lecteurs, est-ce une envie ancienne ? Quelles sont les différences avec votre travail pour la bande dessinée adulte ?
Il y a une dizaine d’années, je ne pensais pas du tout avoir un travail compatible avec la jeunesse, mais les éditrices de Biscoto ont su me convaincre du contraire.
Et j’y ai trouvé un espace de création passionnant. Je me sens libre d’y parler de mille sujets qui me posent question ou qui me passionnent en tant qu’adulte. Les enfants sont curieux de plein de choses, et ils ont beaucoup moins d’a priori ! Il faut juste éviter de dessiner des scènes érotiques ou trop violentes, ce n’est pas une contrainte si compliquée !
BDzoom.com : Pouvez-vous nous résumer l’intrigue du « Dinosaure électrique » ?
Les deux personnages principaux, Gigi et Chayeness, ont une amie passionnée par les dinosaures, qui s’appelle Charlie. Un jour, Charlie disparaît, et les deux filles se demandent si cela n’aurait pas un lien avec une étrange créature qui rôde sur la ville. Est-ce que ça pourrait être un dinosaure ? C’est une enquête avec un petit côté frisson, mais où tout se termine bien.
BDzoom.com : Pouvez-vous nous préciser les caractères des deux héroïnes Chayennes et Gigi ? D’ailleurs, pourquoi avoir choisi ce prénom « Chayennes » ?
Chayeness et Gigi sont malines, parfois courageuses, parfois moins. Elles ont du caractère et de l’humour, et savent très bien manipuler leurs parents. Je me suis beaucoup attaché à elles depuis « Les Têtes minuscules ». J’ai fait beaucoup d’ateliers en milieu scolaire, et j’ai rencontré plusieurs petites filles qui s’appelaient Chayeness (avec des orthographes variées). Surtout dans des milieux peu favorisés. Quand j’ai commencé à faire des bandes dessinées jeunesse, j’ai eu envie qu’elles puissent s’y reconnaître.
BDzoom.com : Selon vous, que vont aimer les jeunes lecteurs dans cet album ?
Je suis mon premier lecteur. J’ai tenu à écrire une histoire avec des retournements surprenants, que je n’aurais pas l’impression d’avoir déjà lue ailleurs. J’ai dessiné des scènes qui me font beaucoup rire, d’autres qui me font un peu peur (j’ai le vertige par exemple, j’ai eu du mal à dessiner certaines pages qui se passent en haut d’un arbre). Je ne prends pas les jeunes lecteurs et lectrices pour des truffes, je fais des livres qui me plaisent à moi-même : en conséquence, j’espère que cela leur plaira.
BDzoom.com : Y a-t-il une référence aux aventures d’Adèle Blanc-sec avec l’œuf de dinosaure qui éclot au sein d’un musée ?
Oui, effectivement. J’aime énormément le travail de Tardi. Pour ces bandes dessinées chez Biscoto, j’ai également en tête certaines aventures de Spirou par André Franquin, ou bien « Le Fétiche » : une aventure de Benoît Brisefer par Peyo et Albert Blesteau. Des lectures d’enfance qui m’ont produit des émotions fortes, et que j’essaie de recréer aujourd’hui.
BDzoom.com : Pour clore cet entretien, pouvez-vous nous révéler quels sont vos projets artistiques à court et moyen termes ?
Je travaille en ce moment dans une nouvelle direction, très autobiographique, qui sortira au printemps chez Atrabile. Encore quelque chose de différent dans ma bibliographie !
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Le Dinosaure électrique » par Benoît Preteseille
Éditions Biscoto (15,00 €) — EAN : 9782379623424
Parution 3 octobre 2025

























