Disparu il y a déjà sept ans, René Pétillon — bien connu pour ses dessins d’humour dans Le Canard enchaîné, mais aussi pour son inénarrable détective Jack Palmer dont l’enquête corse a notamment fait parler de lui, car adaptée au cinéma — (1) avait travaillé, depuis 2008, sur ce scénario quasiment achevé. Bien qu’il en ait également assuré partiellement le découpage et les crayonnés (donc, il ne restait pratiquement plus qu’à dessiner l’album), il avait abandonné cet ultime projet pour différentes raisons, dont la nécessité d’honorer d’autres entreprises en cours. C’est le célèbre Manu Larcenet (2), récemment auréolé de son adaptation de « La Route », qui a été approché pour s’approprier l’histoire, la terminer et la mettre en images : un très bon choix !
Lire la suite...« White Crows » T1 par Djief

Les séries de science-fiction en bande dessinée qui vous donne envie de dépasser la première page, car proposant un univers cohérent, un dessin de bonne facture et, surtout, une narration impeccable, sont très rares.
Il faut donc se précipiter sur le nouveau projet que le Québécois Jean-François Bergeron alias Djief a réalisé tout seul comme un grand (même si un certain Mikaël est crédité comme participant au scénario), d’autant plus que si les personnages seront récurrents, leurs aventures sont autonomes : il n’y a donc pas besoin d’attendre le tome 2 ou le 3 pour en connaître le dénouement…
Évidemment, cela se passe dans un lointain futur (en 2253 exactement) où, après d’infructueuses conquêtes planétaires et des relations tumultueuses entre les différentes civilisations intergalactiques, l’humain est devenu un paria aux yeux des extraterrestres. C’est dans cette ambiance ségrégationniste qu’évolue le sergent Frank Willis (un évident hommage au Bruce du même nom), membre du corps policier qui enquête et intervient principalement dans le cadre d’actions anti-trafiquants et anti-terroristes sur la planète-cité Primor. Malgré son sentiment récurrent d’y être considéré comme un citoyen de seconde classe, notre téméraire héros et un peu mal dégrossi, qui s’en prend plein la tronche mais qui ne reculera devant rien même s’il a tort, a développé un pragmatisme qui lui permet d’obtenir un certain équilibre face à cette existence peu enviable. Ceci jusqu’au jour où débarque sa fille de quinze ans, Shelly (seule survivante d’une catastrophe qui a touché la colonie satellite où elle vivait avec sa mère), et son robot-serviteur Vecteur…
Même si c’est encore bourré d’influences, naviguant sans ambages entre les films « Star Wars », « Piège de cristal », « Le Cinquième élément », « Armageddon » ou les bandes dessinées « Sillage » et « Valérian », le talentueux dessinateur du « Crépuscule des Dieux » (scénarisé par Nicolas Jarry chez Soleil) et du pourtant très prometteur « Saint-Germain » écrit par Thierry Gloris (série hélas injustement mis en sommeil par les éditions Glénat pour cause de ventes insuffisantes) nous a concocté un homogène et agréable récit d’aventure, idéal pour la lecture en vacances, qui est à l’image de son approche graphique : c’est-à-dire très colorée et fortement mouvementée !
Gilles RATIER
«White Crows» T1 (« Cœur d’acier ») par Djief
Éditions Soleil (13,50 €)