Un premier voyage dans les Terres australes et antarctiques françaises — retranscrit dans le très bel ouvrage « Voyages aux îles de la Désolation » — n’a pas rassasié le dessinateur Emmanuel Lepage (1) : 12 ans après, en 2022, il embarque à nouveau pour les îles Kerguelen. N’ayant pas pu, lors de sa première excursion, vivre au plus près le quotidien de tous ceux qui travaillent sur cet archipel au relief montagneux d’origine volcanique, situé au sud de l’océan Indien, il y reste cette fois-ci deux mois et demi : s’attachant donc plus aux personnes qui partent avec lui, tout en montrant les changements déjà à l’œuvre sur la nature, en raison du réchauffement climatique. Du beau, écologique et humaniste, voire quasiment poétique, récit de voyage en BD !
Lire la suite...Les enfants du crépuscule, t1, Peur sur la ville
							Dans un monde peuplé d’humains agressifs, apparaissent des créatures hybrides victimes d’une maladie inconnue. Lorsque se manifestent chez son petit frère Polo les premiers signes de la mutation, Alice décide de l’emmener en ville pour consulter un spécialiste capable de bloquer le processus.
Ils se retrouvent plongés dans une campagne électorale violente, polarisée par l’attitude à adopter face aux mutants.
Monstres ghettoïsés et maltraités, univers urbain oppressant, discours populistes racistes, cette nouvelle série, déclinée sur un mode de science fiction steampunk sous un trait semi réaliste, évoque un univers situé entre Dickens et Orwell. Analysant le moment où une société bascule vers un régime dictatorial, quand la haine prend le pouvoir sur fond de répression policière arbitraire et de contrôle inquisiteur, le tandem transalpin nous livre, dans un gros album de 55 pages, dense et riche, sobrement et classiquement mise en pages, un récit bien ficelé, peuplé de créatures fantastiques et de figures sociales tirées du roman populaire du XIXe siècle.
Juxtaposant les thématique, croisant les logiques, entrelaçant les messages, cette nouvelle série s’inscrit dans un genre aux règles déjà largement fixées, qui trouve sa place dans l’univers BD aux côtés du Croquemitaine (de Lebeault et Filippi chez Dupuis), dans la lignée d’Horologiom (du même Lebeault chez Delcourt). Il s’agit donc d’un premier tome très professionnel, qui pose avec habileté personnages, environnement social et références culturelles, de manière souple et fluide, dans un fondu révélant une vraie maîtrise des codes littéraires autant que bédéesques.
Joël Dubos
Les enfants du crépuscule, t1, Peur sur la ville, Semerano, Nizzoli, Humanoïdes associés, 12,90 euros






